Sauf surprise du "dernier quart d'heure", avant l'échéance, Louisa Hanoune ne devrait pas prendre part à la course à la présidentielle d'avril prochain. La première responsable du Parti des travailleurs (PT) a, en effet, donné hier le "la" de ce qui s'apparente, a priori, à l'option privilégiée, même si elle prend le soin de préciser qu'il ne s'agit que d'un "avis personnel". "Personnellement, je pense que le parti ne doit pas aller à la prochaine élection, c'est là mon point de vue personnel, je le précise. Un point de vue que j'exprimerai et que je défendrai lors de la discussion au sein du bureau politique tout comme au sein du comité central", a affirmé, hier, Louisa Hanoune, dans une allocution à l'ouverture des travaux d'une session ordinaire du BP. "Cela étant, je respecterai la décision qui émanera de la majorité du CC et je l'appliquerai conformément au centralisme démocratique qui régit le fonctionnement de notre parti (…)", précise-t-elle, toutefois. C'est parce que l'opacité persiste et des questionnements sont soulevés au sein de l'opinion, elle qui s'attendait à quelques décantations fin décembre dernier, et que des dangers planent désormais sur le pays, que Louisa Hanoune, qui ne dissimule pas ses "inquiétudes" et ses "préoccupations", pense que la prochaine élection n'est pas la "priorité". "La priorité, c'est sauver l'Algérie en la libérant du système politique hérité du système du parti unique, ce système putréfié qui a rendu le pays exsangue", dit-elle. "Pour moi, personnellement, la priorité, c'est d'amorcer le renouveau politique institutionnel et constitutionnel (…)", justifie-t-elle. Autres priorités : la prise, par les autorités, de "mesures d'apaisement dans tous les domaines". Mais au-delà, c'est le spectre de l'explosion et des velléités du maintien du système "honni" en place qui semble confiner le parti à focaliser son combat sur la défense de la souveraineté. "Pour nous, participation ou pas à la présidentielle, la question de la souveraineté populaire demeurera au centre de notre combat", soutient Louisa Hanoune qui redoute des dérapages si d'aventure "l'objectif recherché derrière le scrutin est la continuité du système". "Me concernant personnellement, je pense que la présidentielle ne réglera pas les problèmes qui rongent notre pays. Bien au contraire, elle peut les aggraver et déclencher et accélérer des processus extrêmement dangereux. Pas seulement à cause de la nature du scrutin, en l'absence de garanties de transparence, mais aussi en relation avec la situation sociale et politique tendue, sans oublier la situation mondiale qui charrie les dangers (…)." Compte tenu des "doutes" et de "l'opacité", Louisa Hanoune n'hésite pas à comparer la situation actuelle à celle qui a précédé l'élection de décembre 1991 ou encore à celle de l'Egypte et de la Tunisie en 2010. Mais la grande interrogation de la SG du PT c'est de savoir quelles sont les concessions que les tenants du pouvoir entendent accorder aux puissances étrangères "pour qu'elles ferment les yeux sur la nature du scrutin et sur la confiscation de la souveraineté du peuple" si, à travers le scrutin, l'objectif était de "maintenir le statu quo ?". "Normaliser avec l'entité sioniste en renonçant à la position principielle sur la Palestine ? En lien avec une base de l'Africom ? Entraîner l'armée en dehors des frontières ? Céder aux pressions sur la question migratoire ?" Elle juge la transparence de l'élection comme gage de protection du pays. "La nature de la prochaine élection est une question d'existence." D'où cette autre interrogation : "L'ancien moudjahid, Abdelaziz Bouteflika, acceptera-t-il la disparition de l'Algérie comme nation libre et souveraine pour que se maintienne le système honni en place ?" Histoire de ne pas influencer la décision du CC, ni de le mettre devant le fait accompli, Louisa Hanoune affirme que le BP de son parti est appelé à prendre des mesures "techniques et juridiques". Karim Kebir