Là où il n'y a pas de liberté, il n'y a pas d'éthique. C'est en ce sens qu'il faut comprendre l'attitude des médecins ayant examiné et établi un diagnostic sur l'état de santé du président Bouteflika en 2005, comme en 2014, y compris le médecin qui a établi le certificat de bonne santé pour l'élection présidentielle de 2009 et de 2014. S'il est vrai que nous devons tout mettre en œuvre afin de préserver la vie privée de la personne, de son secret médical et de la préserver de toute discrimination, car le respect de tels principes contribue à l'instauration d'un indispensable climat de confiance et de respect de l'éthique de la profession, il n'en demeure pas moins que, quand il s'agit d'un homme en charge d'une lourde responsabilité comme celle d'un président de la République, présenter honnêtement les réalités parfois aux limites du secret d'Etat, c'est permettre de mieux identifier et qualifier l'état de santé et de gouvernance de celui qui est ou qui sera en charge de gouverner la nation. Le rôle fondamental du médecin est de soulager les souffrances de ses semblables, et aucun motif d'ordre personnel, collectif ou politique ne pourra prévaloir contre ce noble objectif. Lorsque le médecin est le seul témoin impartial, peut-il se soustraire au devoir de dire la vérité, sans pour autant porter atteinte à l'éthique du secret médical et porter atteinte à la dignité de la personne ? Le secret médical autorise-t-il, voire justifie-t-il certains renoncements ou dissimulations ? En situation d'exception, le médecin peut-il pour autant enfreindre les règles du secret médical et remettre ainsi en question un principe dont on connaît la valeur et la pertinence ? Mentir dans certains cas précis, comme ce fut le cas pour la délivrance du certificat de bonne santé au président-candidat Bouteflika, cela équivaut à un parti pris incompatible avec la neutralité imposée par la profession et l'éthique qui la régit. Cela équivaut également à prendre position pour un homme, un pouvoir, une conjoncture, une politique. Ce mensonge, ou ce "FAUX" établi par le médecin soignant restera un parjure suprême ; un mensonge qui a couvert une situation extrêmement préjudiciable pour la nation en lui faisant courir des risques graves. Cela n'est rien d'autre qu'une attitude empreinte de lâcheté et d'irresponsabilité. Je pense qu'au regard d'une situation pareille, la maladie du chef de l'Etat, nous gagnerons à trouver le courage de repenser le secret médical dans sa signification supérieure au service d'une personne ou de la nation ? Telle est la question qui mérite réponse afin que ce genre de scénario ne puisse se reproduire. Nous pensons que pour la charge de président de la République, le certificat médical devra être établi par une commission médicale indépendante pour tous les candidats, et non pas par le médecin particulier de tel ou tel candidat et que les résultats comme pour les biens doivent être communiqués à l'ensemble des citoyens. Enfin, nous portons deux accusations au médecin qui a délivré le faux certificat d'aptitude à la fonction présidentielle au candidat Bouteflika : 1- Il s'agit manifestement d'une fausse attestation, vu l'état de santé du président. 2- Non-assistance à personne en danger, car il s'agit bien d'un malade qui aurait nécessité des soins avec une longue mise au repos incompatible avec la charge d'un président de la République ! L'Algérie s'apprête à vivre une étape que d'aucuns qualifient de cruciale, celle des élections d'avril 2019, la probabilité que le président Bouteflika se représente pour un cinquième mandat n'est pas écartée, malgré son état de santé déplorable, et encore plus diminué qu'en avril 2014. En votre âme et conscience, docteur, allez-vous refaire le faux pour 2019 ? Le peuple algérien, les nations étrangères, les nantis et les moins nantis nous observent, le jour où votre nom sera connu… Dr M. M. (*) Membre de l'Observatoire citoyen algérien (OCA)