Le président soudanais Omar el-Béchir est arrivé hier matin au Caire, pour son second déplacement à l'étranger depuis le début des manifestations antigouvernementales dans son pays, a-t-on appris de sources aéroportuaires. M. Béchir a été accueilli par son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, selon plusieurs médias égyptiens. Mis en difficulté par un mouvement de protestation qui a débuté le 19 décembre, le président Béchir veut conforter sa position en cherchant des soutiens chez ses voisins du continent et dans la péninsule arabique, à l'exemple de l'Egypte, l'Arabie Saoudite et le Qatar. Après une détérioration de leurs relations en 2017, lorsque M. Béchir avait accusé l'Egypte de soutenir des opposants soudanais, Le Caire et Khartoum ont surmonté leurs différends, depuis l'arrivée d'al-Sissi au pouvoir en 2013. Le Soudan a notamment levé en octobre l'interdiction d'importer des produits d'Egypte, imposée pendant 17 mois. "L'Egypte est confiante dans le fait que le Soudan va surmonter la situation actuelle", a déclaré le mois dernier le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukry. Le président soudanais s'est rendu le 22 janvier à Doha. Le Qatar, un riche émirat gazier du Golfe, a apporté son soutien à "l'unité et à la stabilité du Soudan", sans toutefois annoncer d'aide financière spécifique. Miné par une crise économique et des pénuries, le Soudan est secoué par des manifestations quasi quotidiennes déclenchées par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain. Les protestataires appellent au départ du président Béchir, arrivé au pouvoir il y a près de 30 ans, en 1989, à la suite d'un coup d'Etat. Selon un bilan officiel, 30 personnes ont trouvé la mort lors de ces manifestations, des ONG évoquant de leur côté au moins 40 morts et un mouvement d'opposition jusqu'à 50. L'Association des professionnels soudanais (SPA), fer de lance de la contestation, avait appelé samedi à des manifestations nocturnes. Selon des témoins, des tentatives ont eu lieu, mais aucune manifestation d'ampleur n'a été enregistrée. Hier, la SPA a appelé à des sit-in à Khartoum et à Omdurman, la ville voisine. Elle a aussi exhorté à des manifestations à travers le pays jusqu'à mercredi. R. I./Agences