"Il n'y aura pas d'élection le 18 avril, mais juste une désignation du chef de l'Etat", a déclaré Mohcine Belabbas. Pour lui, "(…) l'heure n'est pas à l'engagement dans une opération électorale viciée". Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a décidé, hier, de boycotter le scrutin présidentiel d'avril prochain. À l'issue d'une réunion ordinaire de son conseil national, le parti de Mohcine Belabbas a annoncé sa décision de "rejeter" le scrutin d'avril prochain et appelle à une "mobilisation" visant à démystifier cette échéance. Déjà dans la matinée, le président du RCD, Mohcine Belabbas, a donné un avant-goût de ce que devait être la position de son parti. Il a qualifié le scrutin du 18 avril prochain de "ce qu'on appelle l'élection présidentielle" et rappelle que "rien n'a changé" dans les pratiques du système. Pour Mohcine Belabbas, qui s'est exprimé devant des journalistes à l'issue de son allocution devant le conseil national, le système ira vers une désignation pure et simple du futur chef de l'Etat. "On n'a pas cessé de dire que si les conditions d'une véritable élection ne sont pas réunies, au minimum deux années avant l'échéance en question, on n'aura pas affaire à une élection, mais à une désignation comme cela a toujours été le cas auparavant. Donc, pour nous, il n'y a pas d'élection, mais juste une désignation du chef de l'Etat le 18 avril", a-t-il rappelé. Pour lui, "(…) l'heure n'est pas à l'engagement dans une opération électorale viciée, mais au rassemblement le plus large pour jeter les bases d'une refondation institutionnelle qui garantit la stabilité sociale, la défense de l'intérêt général et la libre compétition politique". Aujourd'hui, "l'urgence pour le pays n'est pas de choisir entre reconduire un chef de l'Etat grabataire ou désigner un autre parrain en bonne santé pour gérer les équilibres claniques ou en créer d'autres à sa convenance ou à la convenance des plus forts", estime-t-il. Pour expliquer cette décision, le président du RCD est remonté plus loin dans le temps. Il rappelle que son parti avait déjà essayé, dans le passé, mais cela n'a jamais rien donné. Le parti reconnaît avoir donné "le maximum de chances au régime de s'amender pour s'orienter vers une pratique de la compétition politique saine". Mais "force est de constater que le système en place, depuis le coup d'Etat du Caire de 1957 perpétré contre le CCE, n'est pas amendable. La crise de confiance est irréversible", a indiqué le président du RCD. Même les candidats déclarés à l'élection présidentielle d'avril prochain n'ont pas trouvé grâce aux yeux de Mohcine Belabbas. "Avec le dispositif électoral qui a organisé et validé tant de fraudes et une administration qui a commis de multiples violations de la Constitution, ceux qui prétendent porter et faire valoir l'avènement d'une politique qui répond aux aspirations du peuple à la justice et au progrès ne sont, au fond, que ceux qui aspirent à déloger les occupants du pouvoir pour s'installer dans le même moule", a-t-il déploré. S'il assure ne pas vouloir polémiquer avec Ali Ghediri, qui "prône, du moins dans le discours, la rupture", Mohcine Belabbas reproche à l'ancien officier de l'armée de "nourrir la désillusion". Evoquant des contradictions dans le discours du général-major, Mohcine Belabbas a indiqué aux journalistes : "Quand je l'écoute, j'ai la conviction qu'il ne faut pas participer. Il dit indirectement qu'il n'y a pas d'élection présidentielle (…). Pourquoi donc se moquer des gens ? Il y a des carrières qu'on peut bousiller et des soutiens crédibles qu'on peut traîner. On l'a vu notamment en 2004." Même dans le discours prononcé devant les membres du conseil national, le président du RCD a pointé du doigt des "impostures d'agents fraîchement mis en avant pour instrumentaliser ou se faire prévaloir de sacrifices de nos aînés" et de "nombreux militants politiques démocratiques ne sont que des artifices servant de relance, sous une forme ou une autre, à un système politique inopérant et antipatriotique". Plus tard, il expliquera qu'il ne visait pas spécialement Ali Ghediri. "Il y a 150 candidats, non ?", a-t-il dit, souriant. Ce qui ne l'empêche pas de reconnaître que le discours de Ghediri le "place dans l'opposition". Ali Boukhlef