L'avant-première du film Le Pain nu, adapté du roman de l'écrivain marocain Mohamed Choukri et réalisé par l'Algérien Rachid Benhadj, de retour sur la scène cinématographique après une absence d'une décennie, a eu lieu dimanche soir à la salle Ibn Zeidoun en présence de la ministre de la Culture, Khalida Toumi. Durant près d'une heure et demie, Rachid Benhadj a transporté le public algérien, venu nombreux, dans les lieux et les temps décrits par l'écrivain marocain dans son roman Le Pain nu, publié en 1960, ayant suscité à l'époque un tollé dans plusieurs pays arabes. Le roman a été interdit de publication car il décrit de “façon libertaire et effrontée” les problèmes vécus par le peuple marocain dans les années 1950. Dans un contexte politique international très difficile, le réalisateur Benhadj a relevé le défi en réalisant ce film, notamment grâce au producteur italien qui a acheté les droits d'auteur de ce roman et a pu convaincre d'autres producteurs italiens et français de le financer, surtout après les évènements du 11 septembre. Le Pain nu de l'écrivain marocain Mohamed Choukri est une autobiographie de l'auteur qui maîtrisait quatre langues étrangères et qui a été deux fois nominé pour le Nobel de littérature. Le film a été tourné à Tanger, ville natale de l'auteur marocain, qui a également participé à l'écriture du scénario du film avant sa mort en 2003. Le Pain nu n'est pas une simple narration de faits historiques vécus par la société marocaine durant la colonisation franco-espagnole “mais une critique acerbe et constructive” des “conditions sociales, morales et politiques de l'époque” dans les quartiers pauvres de la ville côtière de Tanger qui a tant souffert de l'oppression franco-espagnole. Le film décrit entre autres les abus sexuels dont était victime la femme marocaine. Plusieurs acteurs marocains ont participé à ce film franco-italien dont David Halivim, Saïd Taghmaoui et Bilal Lahsini.