Le recours au financement non conventionnel était la seule alternative pour faire face aux contraintes financières que connaît le pays, "mais il ne peut constituer une solution durable", a tenu à avertir, hier, le gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), Mohamed Loukal, lors d'une rencontre sur la modernisation bancaire à Alger. Incitant la place bancaire à améliorer ses capacités à collecter la ressource financière, notamment celle circulant hors circuits officiels, le premier responsable de la Banque centrale a relevé dans le même sens que le niveau appréciable de liquidités que connaissent actuellement les banques "dépend dans une large mesure du financement interne non conventionnel". Or, ce dispositif, a-t-il réitéré, "est limité temporellement", d'où la nécessité de "l'adosser à un large spectre de réformes, afin de diversifier les sources de financement de l'économie, qui continue jusque-là à dépendre largement des ressources publiques, elles-mêmes tributaires des recettes pétrolières". Pour le moins inattendu — au regard surtout de l'actuel contexte électoraliste —, le rappel ainsi formulé hier par le gouverneur de la BA à l'adresse de la communauté bancaire locale met avant tout en évidence les lenteurs constatées jusqu'ici à amorcer des réformes structurelles efficientes et urgentes, afin de trouver une alternative plus viable et surtout plus orthodoxe à la politique actuelle de "la planche à billets" qui, du reste, sera légalement caduque dans moins de quatre ans. Mis en place en septembre 2017 pour faire face aux graves contraintes de trésorerie qu'a connues l'Etat à la suite de la chute des prix du pétrole, le dispositif exceptionnel de financement interne non conventionnel, convient-il de rappeler, a déjà été sollicité depuis, pour un montant global de plus de 4 000 milliards de dollars affectés directement à la monétisation des déficits abyssaux du Trésor public. Censée être accompagnée d'un vaste programme de réformes structurelles pour rétablir rapidement les équilibres financiers du pays et enclencher la diversification de l'économie, cette politique de recours à des créations monétaires, sans contre-valeurs économiques réelles, pourrait engendrer une grave dérive hyperinflationniste si l'Etat ne trouve pas, à terme, des sources de financement viables en substitution à la planche à billets et aux recettes déclinantes du pétrole et du gaz. Tel que nous l'expliquent d'ailleurs si bien certains acteurs de la place financière locale, l'Etat est tenu de se préparer, dès à présent, à faire face aux remboursements de l'argent que prête actuellement la Banque centrale au Trésor public par le biais des financements non conventionnels, ce pourquoi, il est urgent de réformer en profondeur l'économie nationale en vue de sa diversification. Car, sauf à continuer à miser sur une miraculeuse remontée des prix du pétrole, à la fois spectaculaire et durable, le pays risque de vite se retrouver confronté à une banqueroute totale, si les réformes nécessaires ne sont pas concrétisées avant l'arrivée à terme dudit dispositif de financement par la planche à billets. Akli Rezouali