"Nous refusons que Bouteflika reste au pouvoir. Il est complètement absent. Moralement, il est mort. Sa candidature est une violation de plusieurs dispositions de la Constitution", a affirmé Djaballah. Après presque quatre heures de discussions, les participants à la rencontre de l'opposition au siège d'El-Adala n'ont pas réussi à adopter une position tranchée en perspective de la présidentielle du 18 avril 2018. Candidat unique ou boycott ? Visiblement aucune option n'a obtenu le consensus à telle enseigne que ce point nodal de la réunion a été carrément occulté dans le communiqué final. "Les présents ne sont pas habilités à prendre la décision finale avant de consulter les structures de leur parti", avait expliqué aux représentants de la presse une heure plus tôt, Lakhdar Benkhalef, membre de l'exécutif et chef du groupe parlementaire du parti El-Adala. "Il faut comprendre que c'est un espace de concertation. Nous ne pouvions pas déterminer une position aujourd'hui", a commenté Noureddine Bahbouh, président de l'Union des forces démocratiques et sociales (UFDS), au sortir du conclave. Les avis de dix-huit chefs de parti et personnalités indépendantes, dont deux candidats potentiels à l'élection présidentielle, Ali Benflis et Abderrezak Makri, ont, néanmoins, convergé sur un rejet viscéral du cinquième mandat. Reste à trouver un moyen efficace de contrecarrer le projet, défendu bec et ongles par le cercle du Président. "La rue est en avance sur les politiques. Elle nous impose une voie à suivre", a soutenu M. Bahbouh. Dans la résolution finale de la rencontre du jour, le soutien aux manifestations citoyennes contre la candidature du président Bouteflika est clairement exprimé. "Nous saluons et nous cautionnons la contestation populaire pacifique (contre le 5e mandat, ndlr) et nous mettons en garde les pouvoirs publics contre toute tentative d'empêcher les citoyens d'exercer leur droit constitutionnel à manifester et à exprimer leur refus de continuer dans la situation actuelle", ont consigné les participants au sommet. Ils ont précisé que ce sursaut populaire s'est imposé comme un point prioritaire dans le débat. Pour rappel, Abdallah Djaballah a reçu, hier, en début d'après-midi, au siège de son parti situé à Baba Hassen, sur les hauteurs d'Alger, des personnalités de l'opposition qu'il a conviées à une concertation sur la voie à suivre pour contrecarrer les desseins des partisans "de la continuité" sous la conduite du chef de l'Etat en exercice depuis 20 ans. Ils sont arrivés les uns après les autres, à partir de 13h30. Ali Benflis, ancien chef de gouvernement et président de Talaie El-Houriat et son homologue au MSP, Abderrezak Makri, ont particulièrement capté l'intérêt des médias. Sont venus aussi, Noureddine Bahbouh, Tahar Benbaïbache, chef de file de Fedjr El-Djadid, Abdelaziz Ghermoul, son équivalent au Mouvement des nationalistes libres (MNL), Mohand-Arezki Ferrad et Haïder Bendrihem (respectivement anciens députés du FFS et du RND lors de la législature 1997-2002), Abdelaziz Rahabi, ancien diplomate et ancien ministre de la Culture et Azzedine Djerrafa, un transfuge du parti Nahda. Karim Tabou (porte-parole de l'UDS non agréé), Mohamed Saïd, ancien ministre de la Communication et Abdelkader Bengrina, président d'El-Bina, ont délégué le pouvoir de décision à des représentants car ils sont à l'étranger. À l'entame de la réunion, tenue à huis clos, Abdallah Djaballah a pris la parole pour définir le cadre des discussions. "L'Algérie est au bord de la faillite, dans tous les domaines. Nous refusons que Bouteflika reste au pouvoir. Il est complètement absent. Moralement, il est mort. Sa candidature est une violation de plusieurs dispositions de la Constitution", citant les articles auxquels il faisait référence. Pour lui, il est impératif que l'opposition "s'allie autour d'un seul candidat et un seul programme (…) car si elle reste divisée, le peuple le sera aussi. Nous devons sortir du désespoir et du fatalisme". Il a estimé important de transcender les intérêts personnels "pour donner au pays un meilleur destin". Comme s'il avait prédit que ses interlocuteurs ne s'entendraient pas sur une position commune, il a appelé à "adopter la revendication du peuple et soutenir les manifestations de rue qui visent à empêcher le cinquième mandat". Souhila Hammadi