Faisant suite à une pétition signée par plus de 100 journalistes, un rassemblement a été organisé hier en début d'après-midi, au siège de la Radio nationale, pour dénoncer la "pratique de la censure" imposée dans les rédactions des différentes chaînes, quant à la couverture médiatique des marches organisées contre le 5e mandat. En effet, environ une soixantaine de professionnels de la Radio nationale se sont rassemblés pour réclamer la neutralité dans le traitement de l'information, qu'il s'agisse des activités de l'Alliance présidentielle ou de celles de l'opposition. Cette action de protestation a été ponctuée par un sit-in de près de trois quarts d'heure. Ils ont crié haut et fort leur indignation face à cette décision de la hiérarchie de faire l'impasse sur les grandes manifestations nationales du 22 février dernier. Les journalistes ont scandé des slogans défendant leur mission de service public, en réitérant qu'ils ne sont pas des "journalistes étatiques". "Barakat, barakat la censure", "Idhaâ horra démokratia" (la Radio est libre et démocratique) ou encore "Ahna machi chiatine" (nous ne sommes pas des lèche-bottes), ont crié des reporters des Chaînes 1, 2, 3 et de la Radio internationale (RAI), qui affirment leur détermination à défendre leur devoir d'informer tous les Algériens en toute objectivité. D'ailleurs, des citoyens de passage au boulevard des Martyrs n'ont pas manqué de marquer une halte pour suivre derrière les barreaux de clôture le rassemblement inattendu des animateurs de la Radio pour comprendre l'objet de cette manifestation. "Ils subissent certainement des pressions dans l'exercice de leur métier", lancera un sexagénaire. Les professionnels du média public regroupés à l'entrée du préau donnant accès aux studios mythiques de la Radio ont arboré des pancartes sur lesquelles on pouvait lire entre autres : "Nous sommes des journalistes de service public", "Nous sommes des patriotes", "La Radio algérienne appartient à tous les Algériens". Les protestataires ont dénoncé, à travers ces slogans et bien d'autres, les pressions qu'ils subissent. Vers 14h30, les protestataires ont commencé à se disperser pour rejoindre leurs studios respectifs et préparer le flash info de 15h et de 16h, afin de rediffuser les rassemblements des étudiants organisés hier, puisque la Radio a répercuté, pour la première fois, dans le journal de 12h30, les sit-in des universitaires. Un journaliste nous a pris à témoin à l'extérieur du siège de la Radio pour rappeler l'objectif assigné à cette première action de protestation contre la Direction générale. "Nous nous sommes rassemblés aujourd'hui pour dire stop à la censure imposée par la hiérarchie et faire entendre notre doléance et sauvegarder notre dignité. Nous ne sommes ni pour ni contre le 5e mandat. Nous sommes tout simplement des journalistes neutres, nous assurons une mission de service public", précisera un reporter. Hanafi H.