Les députés FLN veulent faire partir le président Bouteflika à la façon d'Edouard Chevardnadze, le président géorgien. C'est-à-dire par la rue. C'est dans cet objectif qu'ils viennent de décider, depuis jeudi dernier, d'occuper constamment la rue par la tenue quotidienne d'un rassemblement devant l'Assemblée nationale populaire (APN). L'annonce officielle de cette initiative a été faite par le président du groupe parlementaire de la majorité, le député de Skikda, Abass Mekhalif, jeudi dernier, à l'occasion d'un sit-in des parlementaires devant l'institution législative. Quelque 100 députés FLN ont, en effet, pris part à cette action de protestation à laquelle se sont joints également des ex-ministres et des personnalités à l'image de Leïla Aslaoui et du commandant Azzedine. Les parlementaires du parti de la majorité à l'APN et dans les assemblées locales élues (APC et APW), qui avaient pris le soin de passer la nuit, le mercredi la veille, à l'Assemblée nationale pour s'assurer d'accéder au boulevard Zighoud-Youcef, le lendemain, n'avaient finalement pas eu tort. Et pour cause, des policiers antiémeutes casqués, munis de boucliers et de matraques, ont tôt fait de boucler toutes les issues menant vers l'Assemblée nationale. Vers 10h donc, bien que l'accès à l'APN fut totalement impossible, les députés présents sur place ont tenu leur sit-in. Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : “Démission immédiate du président-candidat” ! “Jusqu'à ce que Bouteflika parte”. “Ni vice, ni manœuvre, Benflis, Président”, “Bouteflika dictateur”, les parlementaires, qui faisaient des allées et venues entre le jardin Sofia et le boulevard Ziroud-Youcef, ont aussi scandé des slogans hostiles au président-candidat. “Djazaïr horra, Bouteflika barra !”, “Khams snine barakat, rouh t'chawer El-Imarat”, “dites à sa mère de sécher ses larmes, Bouteflika may walich (ne reviendra pas)”, “Bouteflika yel ghedar, hokmek howa hokm el-aâr”, “Zerhouni, etazwir (la fraude) c'est fini”. En direction des frères du président Bouteflika qui aspirent à une dynastie en s'emparant de pans de pouvoir, les manifestant ont crié : “Ya Saïd (Bouteflika), ya Nacer (Bouteflika) barakat, vous avez divisé les associations et les partis, l'Algérie est une République et non un Emirat”, “Ya Nacer (Bouteflika) ya Saïd (Bouteflika), on vit dans une nouvelle époque, celle des idées contradictoires et pas celle de la dictature”. Ayant, par ailleurs, en tête la rencontre du mouvement hors la loi dit de “redressement” prévue le matin à l'hôtel El-Aurassi simultanément au sit-in, reporté par suite jusqu'à 17h30 pour cause de guerre de leadership entre Belkhadem et Barkat, les députés de la majorité n'ont pas manqué de scander : “Ils ont paniqué, le congrès est préfabriqué” Et même, du côté de la grande poste où des militants FLN ont tenté de rejoindre l'APN sans parvenir, des slogans anti-Bouteflika ont été également entonnés : “Bouteflika barra, hokmek howa hokm el hogra.” Abdelamadjid Attar, l'ancien ministre des Ressources en eaux, qui se trouvait à cet endroit, a été embarqué par la police qui lui reprochait de se mêler à la foule et de prendre des photos de manifestants. Relâché une heure plus tard, l'ex-ministre, qui a été accueilli triomphalement par les manifestants, a expliqué à la presse que les policiers, qui l'ont embarqué et qui “ont été corrects”, lui ont dit : “On ne fait qu'appliquer les instructions qu'on a reçues d'en haut.” Vers 12h30, Abbas Mekhalif a lu une déclaration du groupe parlementaire dans laquelle il a énuméré les griefs qu'ils retiennent contre le président-candidat : “les violations flagrantes de la Constitution, l'instrumentalisation de la justice, l'utilisation de l'administration comme comité de soutien, la répression des journalistes et le harcèlement contre la presse indépendante, les licenciements abusifs des cadres de l'état, l'atteinte à la stabilité des partis refusant l'allégeance au Président-candidat, l'exploitation imposée aux associations à caractère social et professionnel et l'instrumentalisation de la présidence de la République et les ministères dans une tentative de casse contre le parti de la majorité.” N. M.