Hier, à l'issue d'un Conseil des ministres, tenu au Palais de l'Elysée, le porte-parole du gouvernement français a abordé, avec les journalistes, l'actualité algérienne marquée par un soulèvement populaire contre la candidature du président Bouteflika à un 5e mandat. Benjamin Griveaux a indiqué que l'élection présidentielle du 18 avril prochain a été "évoquée très brièvement" lors de la réunion du gouvernement avec le président Emmanuel Macron. "On a pris note de la décision du président Bouteflika de se porter candidat à l'élection présidentielle qui se tient en Algérie le 18 avril prochain, et on souhaite que cette élection se déroule dans de bonnes conditions en assurant la transparence de la campagne", a-t-il rapporté. Usant du langage diplomatique, forcément ambivalent, il a souhaité que ledit scrutin soit en adéquation avec les désirs profonds de la population locale. "C'est au peuple algérien et à lui seul qu'il revient de choisir ses dirigeants, de décider de son avenir, et cela, dans la paix et la sécurité (...). Nous formons le vœu que cette élection donne à l'Algérie l'impulsion nécessaire pour faire face aux défis qui sont les siens et pour répondre aux aspirations profondes de sa population." À première vue, la France officielle ne semble pas trop s'intéresser à ce qu'il se passe en Algérie. Sa réaction demeure conforme aux règles de bienséance et au principe de non-ingérence dans les affaires internes d'un autre Etat souverain. Il est, toutefois, difficile de croire que le président Macron et son staff accordent si peu d'importance aux événements qui secouent un pays avec lequel la France est étroitement liée économiquement, politiquement et, bien entendu, historiquement. Ils ne peuvent pas prétendre d'ailleurs à l'indifférence, ne serait-ce que parce que des dizaines de milliers de Franco-Algériens manifestent, depuis plusieurs jours, contre une potentielle réélection du chef de l'Etat en exercice, à Paris et dans d'autres grandes villes de l'Hexagone. Les médias français se sont, d'ailleurs, emparés du sujet, tardivement, certes, mais pleinement désormais. Les experts et les politiques, invités sur les plateaux de télévision, relèvent presque tous les aspects positifs du refus de la rue de subir un autre quinquennat sous la conduite de l'actuel premier magistrat de l'Algérie, mettant l'accent sur son âge avancé (82 ans le 5 mars prochain) et l'AVC qui lui a laissé des séquelles handicapantes, l'empêchant, depuis 6 ans, de remplir ses obligations constitutionnelles envers son peuple. Ils mettent particulièrement en avant qu'il est illusoire, par ailleurs, de croire à la déclassification, en ce timing précis, d'archives portant des rapports des services secrets français sur Abdelaziz Bouteflika, ministre des Affaires étrangères entre 1962 et 1978. Souhila Hammadi