Un faisceau de signes laisse à penser que Paris pourrait bien lâcher le régime politique algérien, et plus précisément Abdelaziz Bouteflika. La publication, ce jeudi, par L'Obs, édition papier, d'une enquête à partir d'archives des Services de renseignement français et de notes du Quai d'Orsay sur Abdelaziz Bouteflika, ministre des Affaires étrangères de 1965 à 1978 (lire extraits ci-dessous ) et la déclaration du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, laissent à penser que Paris pourrait bien lâcher le régime algérien, et plus précisément Abdelaziz Bouteflika. La publication des archives des services de renseignement français alors que la rue algérienne gronde contre le 5e mandat serait-elle une simple coïncidence ? Paris a-t-il la conviction que le chef de l'Etat algérien arrive à la fin de son règne ? Cette publication intervient peu de temps après la réaction du gouvernement français. Si l'Elysée observe officiellement le silence, son inquiétude n'est pas moins réelle. Le président Macron, qui, selon une source à l'Elysée, «suit de très près» les manifestations en Algérie, a fait faire l'aller-retour dans la journée de mercredi à l'ambassadeur de France à Alger, selon une information rapportée par le journaliste Vincent Jauvert sur le site de L'Obs. Matignon, par le biais de son porte-parole, n'a pas moins déclaré, suite aux manifestations du 22 février, que «c'est au peuple algérien de choisir ses dirigeants». Une déclaration qui prête à une double lecture : non-ingérence de l'Etat français dans les affaires intérieures d'un pays souverain, mais aussi qui peut signifier que les dirigeants algériens devraient tenir compte de la volonté populaire. A l'issue du Conseil des ministres, tenu mercredi au palais de l'Elysée, Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, a, dans son point de presse hebdomadaire, indiqué que l'élection présidentielle du 18 avril prochain a été «évoquée très brièvement» lors de la réunion du gouvernement avec le président Emmanuel Macron. «On a pris note de la décision du président Bouteflika de se porter candidat à l'élection présidentielle qui se tiendra en Algérie le 18 avril prochain, et, on souhaite que cette élection se déroule dans de bonnes conditions en assurant la transparence de la campagne», a-t-il déclaré devant la presse. Et dans un langage diplomatique (Paris observe la plus grande prudence dans les termes utilisés au sujet de l'Algérie en raison des liens et des intérêts entre les deux pays), il a ajouté que «c'est au peuple algérien et à lui seul qu'il revient de choisir ses dirigeants, de décider de son avenir, et cela dans la paix et la sécurité.»… «Nous formons le vœu que cette élection donne à l'Algérie l'impulsion nécessaire pour faire face aux défis qui sont les siens et pour répondre aux aspirations profondes de sa population.» Pour sa part, le deuxième personnage de l'Etat français, Gérard Larcher, président du Sénat, a indiqué sur France Info jeudi matin que «la France n'a pas à s'immiscer dans les affaires algériennes», que «la France n'a pas à prendre parti». Précisant toutefois qu'il «va falloir faire à la jeunesse algérienne la place qu'elle est en droit d'exiger». – «Saïd, le frère au pouvoir» Dans un autre article intitulé «Saïd, le frère au pouvoir», avec en sous- titre «En coulisses, la guerre des clans fait rage à Alger», Céline Lussato estime que «les combats ne font que commencer. Car cette présidentielle est la première étape d'un conflit acharné qui ne pourra se clore qu'au terme de l'ère Bouteflika». N. B.