Les participants ont dénoncé l'entêtement du pouvoir à vouloir imposer le 5e mandat contre la volonté du peuple. Une nouvelle réunion de l'opposition a eu lieu, jeudi, au siège de Talaie El-Houriat avec, pour la première fois, la présence de chefs de parti comme Louisa Hanoune, SG du PT, Mohcine Belabbas, président du RCD, et des personnalités tels les anciens chefs de gouvernement, Ahmed Benbitour et Sid-Ahmed Ghozali. Au total, la rencontre a rassemblé, annonce un communiqué, 15 formations politiques, 4 syndicats autonomes et 35 personnalités nationales. Dans la déclaration finale, les participants ont réitéré leur rejet d'un 5e mandat du Président sortant, tout en soutenant les marches populaires. Ils ont aussi dénoncé l'entêtement du pouvoir à ignorer les revendications du peuple et à imposer des élections "dans le climat que connaît actuellement le pays et dans le cadre juridique en vigueur qui présente un danger pour la stabilité du pays". Ils ont aussi appelé à une "nouvelle période de préparation du climat politique et la mise en place de nouveaux cadres juridiques permettant au peuple de faire librement son choix" tout en rejetant toute forme d'ingérence étrangère dans les affaires internes du pays. L'opposition réunie pour la quatrième fois peine, donc, à adopter une position commune pour une sortie de crise, mais le ton est plus incisif. Le président du RCD a exhorté le pouvoir à annoncer des "décisions importantes pour offrir une issue positive à l'exigence de renouveau qui s'exprime sous nos yeux". Selon lui, "le chef de l'Etat doit démettre son gouvernement et déposer sa démission pour ouvrir la voie à une période de transition qui donnera la parole au peuple pour choisir la nature des institutions qui conviennent à notre société". Louisa Hanoune pense que "le régime fait de la fuite en avant, même la lettre imputée à Bouteflika indique bien que le pouvoir est têtu. Dans ces conditions, il est temps de le pousser à partir et d'organiser des élections législatives avant d'aller à la présidentielle". Durant le débat, la possibilité de l'activation de l'article 102 de la Constitution, pour constater la vacance de la présidence de la République, a été longuement abordée. Abdallah Djaballah, président du FJD, a souhaité que l'institution militaire intervienne dans ce sens. Mais certains n'étaient pas franchement pour cette option. Le président du MSP, Abderrezak Makri, estime qu'il faut faire attention à un report du scrutin à travers l'application de l'article 102 de la loi fondamentale car, dit-il, "cela pourrait empêcher l'introduction de réformes" tout en ouvrant une brèche pour permettre au système de se régénérer et de présenter un autre candidat. L'ancien premier secrétaire du FFS, Karim Tabbou, a quitté la salle déclarant que les présents "ont un décalage horaire avec la rue". Ali Benflis, président de Talaie El-Houriat, relève, en revanche, qu'un consensus s'est déjà dégagé sur certains éléments. À savoir le soutien aux marches populaires pacifiques, le refus du 5e mandat et le rejet de la lettre adressée aux Algériens par le Président le 3 mars dernier. "C'est déjà beaucoup et pas assez dans la situation actuelle. Que devons-nous faire maintenant pour être en symbiose avec les aspirations populaires si le 5e mandat est maintenu et que le pouvoir en place s'enferme dans son obstination obsessionnelle à vouloir opérer un coup de force électoral pour détourner, un fois de plus, la volonté populaire ?", s'interroge Ali Benflis.