Le mot d'ordre de grève générale lancé par la Confédération syndicale des forces productives (Cosyfop) ainsi que des anonymes sur le réseau social Facebook a été largement suivi dans toutes les communes de Boumerdès. Les commerces étaient fermés dès les premières heures de la matinée à travers les 32 communes de la région. Les transporteurs privés sont touchés. Les administrations publiques et privées sont également paralysées par la grève des travailleurs qui ne veulent pas rejoindre leurs postes. Les directions de l'éducation, des transports, la DTP ainsi que d'autres administrations au niveau du siège de la wilaya sont paralysées. Les travailleurs du Centre de Recherche et de développement et exploration (CRD) de Sonatrach sont en grève également. Ils ont manifesté leur colère contre le 5e mandat et le système en place par l'organisation d'un sit-in dans la cour faisant face au bâtiment abritant ce centre de recherche. Les travailleurs des directions locales de Sonelgaz, l'Algérienne des eaux (ADE), les employés des banques publiques (CPA, BNA et Cnep) n'ont pas rejoint leurs postes. Les bureaux postaux dans la quasi-totalité des communes sont fermés. Les boulangeries sont à l'arrêt. La quête d'une baguette de pain est synonyme d'un parcours du combattant. Les alimentations générales sont fermées, les pères de famille sont à la recherche de lait en sachet pour leur progéniture. Vendredi et samedi derniers, une psychose et panique générale ont vite gagné les esprits de citoyens qui se sont agglutinés en masse dans les supérettes et autres commerces pour faire le plein et acheter. Jamais une panique pareille n'a été observée depuis plusieurs années. «Je crois que nous comprenons mal le sens et le but de la désobéissance civile et nous la confondons avec la grève générale», estime Mourad, un fonctionnaire de Naciria. «Car, estime-il, cette façon de procéder, à savoir la fermeture de tous les commerces et le gel de tous les services risque d'arranger plus ce pouvoir illégitime que le mouvement. Cela risque de produire l'effet contraire, notamment l'anarchie lorsqu'on prive quelqu'un d'accéder à des produits de première nécessité». «Le pouvoir veut reproduire, selon lui, le scénario des émeutes du sucre et de l'huile en 2011». Et un autre d'ajouter : «Ce pouvoir mafieux ne veut pas qu'on s'organise car il n'aime pas d'ailleurs l'organisation, il se nourrit de l'anarchie et profitera de jeter ses bavards pour casser ce mouvement populaire né le 22 février dernier pour réclamer son départ». Par ailleurs, les travailleurs de plusieurs unités publiques dans la zone industrielle de Rouiba sont descendus dans la rue pour manifester leur colère contre la candidature de Bouteflika à un 5e mandat et ce, quelques jours seulement après que l'union locale Rouiba-Reghaia de l'UGTA soit sortie de son mutisme pour dénoncer le patron des travailleurs qui soutient Bouteflika. La mobilisation des travailleurs a failli dégénérer en émeute avec les forces de l'ordre qui ont tenté d'obstruer la marche. En outre, les établissements scolaires de Boumerdès sont paralysés et les élèves de tous les paliers ont marché à travers les communes de la région. Les étudiants ont manifesté, par ailleurs, leur colère contre la décision du ministre de tutelle qui a décidé, samedi matin, des congés prématurés dans les universités.