Après les manifestations populaires contre le 5ème mandat organisées depuis le 22 février tous les vendredis, ainsi que celles des étudiants, des appels anonymes ont été lancés pour qu'une grève générale à travers tout le pays soit observée ce dimanche. Ces appels anonymes lancés à travers les réseaux sociaux depuis plusieurs jours sont répercutés ensuite de bouche à oreille à travers de larges pans de la société. Vendredi, lors de la troisième marche nationale consécutive contre le 5ème mandat, la grève générale de ce dimanche a été évoquée et débattue par les manifestants, et toute la question était de savoir si elle sera effectivement observée ou non. Les initiateurs ont donné comme objectif à cette grève générale de 'paralyser l'économie du pays pour que le régime entende notre colère''. Le thème de cette grève générale confirme la poursuite de la pression exercée contre le pouvoir, et au-delà le gouvernement, pour que les appels au refus du 5ème mandat soient entendus et qu'il y ait un changement politique radical dans le pays. En fait, depuis plus d'une semaine, plusieurs organisations syndicales brandissent la menace d'une grève générale en soutien aux marches populaires contre le 5ème mandat et pour dénoncer la situation socio-économique déplorable du pays. L'intersyndicale de l'Education et les syndicats du secteur de la Santé ont annoncé leur soutien aux manifestations contre le 5ème mandat, outre les travailleurs de la zone industrielle de Reghaia-Roubia. Et, pour donner plus de mordant à leur rejet du 5ème mandat, des voix appellent à une grève générale nationale pour ce dimanche. Une des voix ayant appelé à cette grève générale est la confédération syndicale des forces productives (Cosyfop), qui a rendu public un préavis de grève générale selon l'article 71 de la Constitution, après la réunion du bureau national tenue le 28 février. Mohamed Hennad, cité par El Watan, estime que cette grève générale pourrait avoir lieu «si aucun changement ne s'opère». «Cela dépendra de l'évolution de la situation», ajoute-t-il, estimant qu'une grève nation1ale «reste très possible vu l'étendue des marches sur l'ensemble du territoire national et la détermination de la population contre un 5ème mandat de Bouteflika». «Mais aussi en raison du manque d'initiatives de la part des tenants du pouvoir qui donnent l'impression de se terrer, tout en laissant le chef de l'armée, M. Gaïd Salah, s'exprimer à leur place...» Cette grève nationale sera selon lui, 'l'ultime recours car elle va bloquer tout le pays''. Dans les rangs des syndicalistes, il est patent que la situation actuelle est propice à tous les ralliements, notamment un franc soutien au mouvement national contre le 5ème mandat. Il est prévisible d'anticiper autant un fort suivi de cet appel à la grève générale après le succès des marches populaires de ce vendredi 8 mars à travers le pays contre le 5ème mandat que brigue le président Bouteflika qu'un appel qui restera sans écho. Les marches populaires se sont distinguées par une grande maturité politique, par leur caractère autant pacifique que festif dans nombre de villes, en particulier à Alger et Oran, où des familles entières sont sorties célébrer un 8 mars dans les rues et refuser un 5ème mandat au président Bouteflika. Il y a également ce comportement des forces de police qui, vendredi, ont vraiment donné un exemple de leur professionnalisme en protégeant les manifestants, en étant même, dans certains quartiers d'Alger, complices avec les manifestants, pour, à la fin des marches, prendre entre eux et leurs supérieurs des selfies. Des images qu'on ne verrait nulle part ailleurs. Le succès de ces marches populaires contre le 5ème mandat et pour un changement de régime devrait, en principe, se poursuivre ce dimanche par une grève nationale. Il reste maintenant à savoir son taux de suivi.