Le président de l'Organisation nationale pour la protection du consommateur, Mustapha Zebdi, a mis en garde contre les commerçants qui profitent de la grève pour augmenter les prix. Après les marches pacifiques des vendredis, les Algériens ont décidé d'observer une grève générale signe de «désobéissance civile» pour dire non au 5e mandat du président sortant Abdelaziz Bouteflika. A travers plusieurs régions du pays, commerçants, avocats, transporteurs et employés ont décidé d'arrêter leurs activités en signe de désobéissance civile, du 10 au 14 mars. Cette initiative a été lancée sur les réseaux sociaux par des anonymes. Depuis les premières heures de la journée, grand nombre de magasins sont restés fermés. Boulangerie, cafétérias, supérettes, magasins de vêtements ont tous baissé rideau. Les moyens de transport des voyageurs, à l'instar de la SNTF, métro d'Alger, tramway et ETUSA, ont de leur côté annulé toutes les navettes et bloqué tout le trafic. A la veille de cette grève, de longues files ont été constatées devant les stations de carburants, s boulangeries, marchés… Les citoyens s'étaient déjà préparés à faire face aux cinq jours de grève. Le président de l'Organisation nationale pour la protection du consommateur, Mustapha Zebdi, a mis en garde contre les commerçants qui profitent de la grève pour augmenter les prix. En effet, depuis que l'appel à la grève a été lancé sur les réseaux sociaux, les citoyens se sont empressés de faire tous leurs achats. Zebdi a fait savoir que dans certaines régions, la grève n'a pas été suivie, alors que dans d'autres, le taux de suivi a atteint 50%. Pour sa part, le président de l'Association nationale des commerçants et des artisans (ANCA), Hadj Tahar Boulenouar, a fait état d'une augmentation de la demande de 40%, depuis que l'appel à la grève a été lancé. Boulenouar a, à cet effet, annoncé son refus d'adhérer à un pareil mouvement, car cela nuit au peuple. Entamer une grève d'une si longue durée risque, selon lui, de le pénaliser plus que de transmettre son message qu'il défend depuis 3 semaines. «Recourir à une pareille action favoriserait plutôt les spéculateurs qui ne rateront pas l'occasion», a-t-il précisé. Selon notre interlocuteur, les prix des fruits et légumes, qui ont grimpé de près de 30 DA en quelques jours, pourraient connaître encore une hausse si les produits venaient à manquer. A ce propos, il a été décidé de ne pas suivre cette grève pour ne pas sanctionner le peuple. «Les marchés de gros de fruits et légumes seront ouverts comme d'habitude, tout au long de la semaine», a-t-il souligné. Il ajoute : «L'Association n'a jamais appelé les commerçants à faire grève». Par ailleurs, le secteur de l'éducation a été touché par cette grève. Dans les écoles primaires, les enseignants ont retenu les élèves dans la plupart des wilayas, mais dans les CEM et lycées, les enseignants sont majoritairement en grève. Libérés par la grève de leurs enseignants, les lycéens et collégiens ont observé une marche pacifique pour dire non au 5e mandat. Alger-Centre, Draria, El Achour, Dély Brahim, Rouiba et les Bananiers, Bab Ezzouar et Dar El Beida sont concernées par les manifestations. Des marches d'élèves sont aussi signalées à Guelma et Blida. Sonatrach paralysée par la grève Dans le secteur industriel, des usines et des zones entières sont à l'arrêt. Les travailleurs de la zone industrielle de Rouiba et ceux de la zone industrielle de Bordj Bou Arréridj ont arrêté de travailler. A Boumerdès, les travailleurs ont refusé de rejoindre leurs bureaux ce matin et ont tenu un sit-in devant l'immeuble de Sonatrach. Des entreprises privées sont également paralysées, à l'instar de la branche agroalimentaire de Cévital à Béjaïa. En outre, de nombreuses administrations sont paralysées aussi. Les branches commerciales de Sonelgaz et de l'Algérienne des eaux sont fermées par leurs employés dans beaucoup de villes. Des mairies, services d'état civil, daïras et certaines directions de wilaya sont aussi à l'arrêt dans beaucoup de villes. Depuis le 22 février, les Algériens n'ont pas cessé d'épater le monde entier par des marches pacifiques et civiques pour réclamer dans le calme et la joie la fin du régime et le départ de Bouteflika.