L'appel à la grève générale a été massivement suivi à Bouira. Hier, cette willaya de plus de 800 000 habitants s'est pour ainsi dire mise en mode "off". À travers ses 45 communes, pas un seul commerce, excepté les boulangeries et les pharmacies, n'a levé rideau, pas une seule administration n'a ouvert ses portes et pas la moindre entreprise publique ou privée n'était de service. Le transport était paralysé. Vers 8h, ce sont les fonctionnaires de l'ADE locale, qui ont été les premiers à se mettre en grève en organisant un sit-in devant le siège de leur administration. Quelques minutes plus tard, c'était au tour des travailleurs de Sonelgez d'entamer leur débrayage sous les acclamations des passants. Ensuite, ce sont les services de l'état civil, de la daïra, de la Cnas, de la Casnos, des impôts, des entreprises d'assurances, etc. Les établissements scolaires ont également débrayé. Cette paralysie générale s'est étendue à toutes les communes de la wilaya. Aussi bien à M'chedellah, Ahnif, Bechloul en passant par Sour El-Ghozlane, Dirah, Bordj Okhris et en arrivant à Djebhaia, Kadiria et Lakhdaria, toute la wilaya s'est mise en "pause" pour réclamer le départ du système. Cependant, cette action a suscité le mécontentement de citoyens, qui ne comprenaient pas pourquoi les commerçants devaient s'associer à cette grève. "On veut tous la chute de ce régime, mais la grève des commerçants pénalise beaucoup plus les citoyens que le pouvoir", a-t-on indiqué. Par ailleurs, des centaines de collégiens et lycéens de Bouira, qui ont été rejoints par les étudiants, ont battu le pavé pour dire "Non au mandat de la honte". Ces adolescents pour la plupart, ont repris les slogans scandés lors des marches de vendredi, à savoir "El-Djeich, chaâb khawa khawa" (l'armée et le peuple sont frères), "Ouyahia dégage !", "FLN dégage !" et "Sraktou l'el-bled" (vous avez pillé le pays). Ils ne tarderont pas à être rejoints par les étudiants qui outre les traditionnels slogans anti-système, ont dénoncé la directive du ministre de l'Enseignement supérieur. Pour eux, l'université est la propriété du peuple et non celle de Hadjar. De ce fait, ils ont maintenu leur "riposte" laquelle consiste à occuper les cités universitaires, le rectorat et les amphithéâtres.