Le président du Nicaragua, Daniel Ortega, a proposé, samedi soir, de libérer des prisonniers politiques tout en réitérant son refus d'élections anticipées, alors que le dialogue engagé fin février avec l'opposition est dans l'impasse après le retrait des évêques catholiques du processus. Une grave crise politique secoue ce petit pays centraméricain depuis l'année dernière, avec plus de 325 morts lors de manifestations antigouvernementales et une récession économique. Le président s'est prononcé samedi après 8 journées de réunions entre ses représentants et l'opposition lors desquelles le pouvoir n'avait formulé aucune proposition, ce qui a provoqué des doutes sur ses réelles intentions dans ce dialogue. À propos de la libération des prisonniers politiques, le communiqué assure qu'il concernerait ceux qui n'ont pas encore été jugés. Pour ceux qui l'ont déjà été, leur dossier sera réexaminé afin de ne pas générer d'impunité. Plus de 700 personnes ont été incarcérées depuis le déclenchement de la crise, le 18 avril 2018, au cours de manifestations contre le gouvernement de l'ex-guérillero sandiniste. Une centaine d'entre elles est passée aux arrêts domiciliaires le 27 avril, au premier jour du processus de dialogue. Par ailleurs, des dizaines de milliers de Nicaraguayens se sont exilés ces derniers mois. La libération de tous les prisonniers politiques, le rétablissement des libertés publiques, la réforme de la loi électorale et des élections anticipées figurent en tête des revendications de l'opposition, qui accuse Daniel Ortega, 73 ans, d'avoir instauré une dictature.