Pendant plus de deux heures, des centaines d'avocats en robe, brandissant l'emblème national et des pancartes sur lesquelles étaient portés des slogans hostiles au 5e mandat et au système, ont crié leur ras-le-bol de "20 ans de corruption". Le président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz, est mis en demeure par les avocats des barreaux d'Algérie de faire respecter la Constitution en invalidant la candidature d'Abdelaziz Bouteflika et en appliquant l'article 102 de la Constitution qui stipule "la constatation par tous les moyens, notamment médical, de la vacance du pouvoir". "Nous avons adressé une correspondance au président du Conseil constitutionnel pour l'appeler à appliquer les lois de la République. En attendant les résultats prévus pour le mercredi 13, nous tiendrons aujourd'hui et demain des sit-in de protestation. Si Tayeb Belaïz ne se conforme pas à la Constitution, nous organiserons d'autres actions", a expliqué un membre du bâtonnat d'Oran dans un sit-in organisé sur le parvis du nouveau palais de justice. Pendant plus de deux heures, des centaines d'avocats en robe, brandissant l'emblème national et des pancartes sur lesquelles étaient portés des slogans hostiles au 5e mandat et au système, ont crié leur ras-le-bol de "20 ans de corruption", de "violation systématique des lois de la République" et de "gestion occulte des affaires de l'Etat". Ils ont également hurlé leur soif d'un Etat de droit et d'une justice indépendante, libérée des griffes de la chancellerie : "Y en a marre du pouvoir… Dégage FLN… Dégage Ouyahia… À bas le système… Pas de justice par téléphone…", sont quelques-uns des slogans qui ont été scandés par les avocats qui, par ailleurs, ont vainement appelé les magistrats à rejoindre leur mouvement de contestation. Vers 10h30, une partie des avocats a tenté une marche à travers le quartier de l'USTO mais des membres du bâtonnat sont intervenus pour leur rappeler que la manifestation était circonscrite au périmètre du palais de justice. "La décision de suspendre les activités de la défense pendant ces deux jours a été prise en collégialité avec l'ensemble des barreaux d'Algérie, au cours d'une réunion qui s'est tenue jeudi à Alger. Or, nous nous sommes entendus pour des sit-in dans l'enceinte des cours, et non pas pour des marches", a-t-on expliqué au bâtonnat. Résultat, les marcheurs ont dû rebrousser chemin pour rejoindre leurs confrères restés sur le parvis de la cour. Aujourd'hui, un second rassemblement de protestation du même type est prévu par des avocats déterminés à faire entendre leurs voix. "Il n'est pas exclu qu'une marche soit organisée aujourd'hui. La coupe est pleine, il est temps que le pouvoir revienne au peuple et que les gens réalisent que nous sommes supposés vivre dans une République et pas dans une monarchie", a estimé une avocate à la fin du sit-in à 11h. S. Ould Ali