Pour le 5e acte des marches du vendredi contre le système, même la météo a pris parti pour le peuple à Bouira. En effet, après une matinée pluvieuse, le ciel s'est dégagé et les rayons du soleil ont donné le coup d'envoi de cette énième démonstration de force populaire contre la prolongation du 4e mandat du chef de l'Etat et pour le départ du régime. Ainsi, c'est vers 13h30 qu'une déferlante humaine a investi les rues de la ville de Bouira. Plus de 250 000 manifestants, tous âges et sexes confondus, se sont donné rendez-vous pour ce 5e vendredi de révolte contre le système en place et l'ensemble des symboles qui l'incarnent. Signe que cette révolte a été des plus pacifiques, c'est la présence des cortèges nuptiaux qui se sont mêlés à la foule, donnant à cette manifestation grandiose des allures de fête à ciel ouvert. Aux cris de "Pouvoir dégage !", "Système dégage !" et autres "Yerrahlou gaâ !" (ils partiront tous), les citoyens, venus des quatre coins de la wilaya, ont délivré un message, on ne peut plus clair, aux décideurs. "Nous ne voulons plus de vous. Partez tous, nous n'avons pas besoin de votre soutien", s'égosillera un manifestant. "Le FLN et le RND nous soutiennent alors qu'ils sont la cause de tous nos malheurs, c'est tout de même le comble de l'absurde", commentera Rabah B., ex-coordinateur du mouvement des aarouch à l'échelle locale. Pour d'autres, à l'image de Yazid Yahiaoui, journaliste et ancien militant de la cause amazighe, les tenants du pouvoir devraient, selon lui, quitter la scène politique et cesser leurs provocations. "Le TAJ, le FLN et le RND, pour ne citer que ceux-là, vénéraient littéralement le Président et lui vouaient un culte quasi divin, et aujourd'hui, ils osent soutenir le peuple contre ce même Président. C'est une insulte à l'intellect de cette nation", a-t-il indiqué. S'agissant des slogans, ils ont également évolué au gré de l'actualité. Exit donc les "Non au 5e mandat" pour laisser place à "Brahimi, Lamamra khawana" (Brahimi, Lamamra des traîtres), "Attention Poutine, l'Algérie n'est pas la Syrie" ou encore "Un peuple uni vainc toujours !". D'autres slogans plus traditionnels tels que "FLN dégage !", "Sraktou lebled" (vous avez pillé le pays) ont été scandés à tue-tête. Devant le siège du commissariat central, un slogan a été répété en chœur "el-Djeïch el-Chaâb, khawa khawa" (l'armée et le peuple sont des frères). Certains manifestants n'ont pas hésité à donner des accolades aux policiers en faction devant cet édifice, ce qui a suscité une grande émotion chez les éléments de ce corps constitué. À noter que les rangs de la marche ne cessaient de grossir au fur et à mesure que la foule avançait. Une seconde halte sur l'espace de la maison de la culture Ali-Zamoum, a permis aux manifestants d'observer une minute de silence à la mémoire des martyrs de la guerre de Libération nationale, ainsi que de ceux du Printemps noir. RAMDANE BOURAHLA