"Il faut absolument sortir du cadre constitutionnel. Le cadre constitutionnel, qui définit les institutions politiques, ne répond pas aux besoins et aux exigences de la société", a estimé le président de Jil Jadid. Invité, hier, par le Forum hebdomadaire de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, n'a pas raté l'occasion pour livrer son analyse des derniers développements politiques, notamment l'appel du chef d'état-major de l'ANP à l'application de l'article 102 de la Constitution pour mettre fin au règne de Bouteflika. Si pour le président de Jil Jadid, la première partie de l'article 102 de la Constitution, qui consiste à mettre fin au règne de Bouteflika, répond à une partie de la revendication populaire, sa seconde partie pose de sérieux problèmes qui requièrent encore une forte mobilisation et de la vigilance. Tout en considérant la déclaration de Gaïd Salah comme "un nouvel acquis" puisque dans quelques jours ou quelques semaines, Bouteflika ne sera plus Président, Soufiane Djilali a estimé, toutefois, que "dans sa première partie, l'article 102 répond à l'aspiration du peuple qui dit au système de Bouteflika qu'il faut dégager, mais pour la suite, il ne faut pas lâcher car, essayer de traduire la volonté politique à travers cet article conduira vers l'impasse". Poursuivant son analyse, le conférencier a considéré qu'il faut, ainsi, récupérer ces annonces successives comme "une victoire pour le peuple", tout en maintenant le cap de la mobilisation jusqu'à ce que, "une phase de transition négociée et dont le contenu sera clair et accepté de tous soit obtenue". "En un mois de mobilisation, le peuple a fait tomber le 5e mandat, il a fait tomber la tentative d'un 4e mandat prolongé, il a fait tomber le gouvernement d'Ouyahia, il a fait tomber le FLN qui commence à dire : Je suis avec, le peuple, il a pu faire sortir le RND de sa position, puisqu'il est en train de critiquer maintenant le pouvoir. C'est le dénuement total au sein du pouvoir. C'est une mise à nu totale de leur malfaisance. Il faut récupérer tout cela comme une victoire pour le peuple. Récupérons les gains, puisque le peuple est en train de gagner pas à pas, mais le match n'est pas terminé", a-t-il détaillé, avant d'esquisser les enjeux qui découlent de l'application de l'article 102 de la Constitution. "Bien que le verdict soit tombé, le pouvoir utilisera tous les subterfuges possibles pour essayer de sauver sa peau", a, d'emblée, souligné Soufiane Djilali. Pour lui, appliquer ainsi l'article 102, "c'est essayer de construire l'avenir à partir d'une Constitution que nous avons refusée, et elle est le résultat d'un régime que nous ne voulons plus". Ainsi, tout en considérant qu'on ne peut faire du neuf avec du vieux, soit avec les mêmes moyens et les mêmes méthodes, l'orateur estime que "M. Bensalah ne peut absolument pas représenter une période de transition". "On le refusera", a-t-il appuyé avant d'appeler à sortir du cadre constitutionnel. "Il faut absolument sortir du cadre constitutionnel. Le cadre constitutionnel, qui définit les institutions politiques, ne répond pas aux besoins et aux exigences de la société. Il faut en sortir", a-t-il plaidé, tout en réaffirmant que l'article 102 ne signifie pas plus que Bensalah va prendre le pouvoir pendant 3 mois ou 4 mois et demi, puisque s'il y a démission du Président, nous irons immédiatement vers l'installation du président par intérim et la convocation du corps électoral, et qu'au bout de 3 mois, il devra y avoir une élection. "Et là, ce n'est pas possible puisque la société n'a pas fait ses choix, il n'y a aucun débat et elle n'a pas fait émerger les solutions qu'elle désire", a fait remarquer Soufiane Djilali, qui appelle le peuple à maintenir la mobilisation et à être prêt à sortir dans la rue dès qu'il y a tentative de déviation de ses aspirations. "Vendredi, il faudra encore sortir dans la rue de telle sorte que la transition soit gérée par des hommes acceptables pour tous et qui, à l'issue de cette transition, vont rentrer chez eux", a-t-il appelé. Samir LESLOUs