La mobilisation citoyenne a été de loin plus importante à Annaba, hier, que durant les marches des 5 vendredis passés. Décidées à faire entendre leur voix, pas moins de 60 000 personnes, entre hommes et femmes de tous âges et de toutes les catégories sociales, ont de nouveau battu le pavé au centre-ville avant de longer, en ordre parfait, le boulevard du 1er-Novembre 1954 et de poursuivre jusqu'aux plages. Une participation record, qui vient contredire ceux qui, confinés dans les salons de la ville côtière, prédisaient un essoufflement du mouvement, notamment après l'annonce par le général-major Gaïd Salah de l'article 102 et, donc, d'un retour du pays à la case départ avec à sa direction le système honni. C'est justement pour dire non au recours à cet article de la Constitution que les citoyens, aux côtés des étudiants, des travailleurs, des médecins et des avocats sont sortis hier. "Vive l'ANP, article sans eux", "La li Gaïd Salah, la li Bensalah", "Ya Bouteflika n'ta rayeh rayeh, eddi maâk el-Gaïd oua Bensalah" auront été parmi les slogans les plus scandés par la foule. Pratiquement toutes les pancartes et les banderoles portées à bout de bras par les manifestants exigent le départ des gens du système, responsables élus des partis FLN et RND et oligarques compris. Le nom de Baha-Eddine Tliba, qui représente, à Annaba, ces deux catégories, a été particulièrement hué par les jeunes marcheurs en colère à chaque passage de la procession devant le siège de la mouhafadha locale, sur le cours de la Révolution.