Les manifestations contre le système se suivent et se ressemblent. Entre les vendredis des grandes marches populaires, entamées le 22 février dernier, ce sont les étudiants et différentes corporations qui prennent le relais durant les autres jours de semaine. Après les corps médical et paramédical, la semaine passée, puis les avocats, en début de semaine, hier c'était au tour des architectes et des employés des communes des wilayas du centre du pays de converger vers la capitale pour battre le pavé. Répondant à l'appel du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) pour les employés des communes, et à l'appel de l'ordre de la corporation, pour les architectes, deux imposants rassemblements, ont été ainsi tenus dans la matinée d'hier, l'un sur l'esplanade de la Grande-Poste et l'autre à la place Audin. Le nombre des communaux, issus de plusieurs communes des wilayas d'Alger, de Béjaïa, de Tizi Ouzou, de Bouira, de Boumerdès et de Blida, s'élève à au moins un millier. Venus également de plusieurs wilayas limitrophes, les architectes, eux, étaient aussi nombreux à cette journée de protestation. Si les deux manifestations sont exclusivement corporatistes, leur objectif est loin de l'être. Les deux corporations sont sorties pour apporter leur soutien et leur solidarité au peuple réclamant le départ du système. Du coup, la majorité des slogans scandés à l'occasion sont les mêmes que ceux des protestataires lors des manifestations nationales des vendredis. "Système dégage, le peuple s'engage", "Vous prolongez votre mandat, nous prolongeons notre combat", "Ya Bouteflika, anta rayeh rayeh, eddi maak Gaïd Salah", (Bouteflika, tu pars, tu pars. Prends avec toi Gaïd Salah), allusion au chef d'état-major de l'ANP jusque-là rarement cité dans les manifestations. Le SG de l'UGTA n'a pas été épargné par les manifestants, notamment les syndiqués du Snapap. "Sidi-Saïd dégage" est l'un des slogans écrit sur une grande pancarte. Venus apporter leur pierre à l'édifice de la 2e République, les architectes ont fini par rejoindre les communaux pour former un grand rassemblement sur le parvis de la Grande-Poste. Tolérée par la police, la foule se dispersera dans le calme en fin de matinée. Farid Abdeladim