"Pas de coup d'état à blanc", "Ni article 102 ni article 104, le peuple exige l'application de l'article 7", tels sont les slogans scandés par les manifestants. Une nouvelle fois, les Constantinois ont répondu présent au rendez-vous hebdomadaire du vendredi. Par centaine de milliers, ils se sont réapproprié leur cité en remodelant leurs slogans conséquemment aux nouveaux développements, notamment la dernière demande du chef d'état-major de l'ANP et vice-ministre de la Défense nationale quant à l'application de l'article 102 de la Constitution, relatif à l'état d'empêchement du chef de l'Etat et, partant, la déclaration de la vacance du pouvoir.Hier, c'était donc une autre journée de mobilisation et de fête aussi mais point de folklore ou encore de vuvuzelas récusées par les manifestants eux mêmes à travers les appels sur les réseaux sociaux et même pendant la marche qui a duré près de quatre heures dans une ambiance bon enfant et sans le moindre incident. Toutes les tranches d'âges et de catégories sociales étaient représentées attestant de la détermination des Algériens d'en découdre définitivement avec le régime politique en place et réaffirmant une revendication devenue une constante : "Irouhou gaa" (tous doivent partir), parlant du personnel politique qui a conduit le pays à des situations de délitement avéré de la société et des institutions de l'Etat. La cohésion retrouvée depuis le 22 février dernier n'a pas fléchi autant que l'opiniâtreté des manifestants qui semblent avoir fait leur propre lecture de la loi fondamentale du pays dont ils rejettent l'instrumentalisation dès lors que l'interprétation des textes se heurte à la volonté populaire. C'est donc, avec la même énergie que les Constantinois ont refusé dans leur marche d'hier, la mise en œuvre de l'article 102 qualifié par la majorité écrasante des manifestants de moyen dilatoire à hauts risques, assimilable à une prorogation de mandat et susceptible de régénérer le même pouvoir. Entre autres slogans scandés par les marcheurs dont le nombre aurait avoisiné les 200 000 vers 15 heures : "Pas de coup d'Etat à blanc", "Ni 102 ni 104 le peuple exige l'application de l'article 7." L'article 7 de la Constitution qui stipule que "le peuple est la source du pouvoir" et qui est, rappellent d'autres manifestants sur leurs pancartes, "à l'origine même du soulèvement enclenché le 22 février dernier et qui ne s'arrêtera pas avant le départ définitif de la caste au pouvoir". L'on avait l'impression que les manifestants avaient accordé une attention particulière à la confection des pancartes et des banderoles, car pour ce sixième vendredi de manifestations, ils semblaient s'être plutôt attelés à décortiquer la Constitution, essentiellement ses articles évoquant des situations pareilles à celle que traverse le pays.