Les Oranais ont signifié leur rejet de l'application de l'article 102 proposé par le général-major Gaïd Salah et réitéré leur attachement viscéral au départ de tout le système en place. "Nous voulons l'activation de l'article 2019 qui stipule que tout le pouvoir doit dégager", a résumé un manifestant en se joignant aux slogans hostiles au pouvoir. Pour le sixième vendredi consécutif, des dizaines de milliers d'Oranais ont battu le pavé hier promettant de ne pas cesser les marches tant que le pouvoir et ses suppôts n'auront pas rendu les armes et restitué sa souveraineté au peuple. Avant même la fin de la prière, les manifestants ont entamé les marches depuis la place du 1er-novembre, du rond-point de la wilaya ou encore de la place Valéro en brandissant des banderoles et des pancartes portant des slogans hostiles au pouvoir notallent ceux traitant Ouyahia et consorts de voleurs qui ont pillé l'Algérie et qui font mine aujourd'hui de soutenir le hirak. "Ils n'ont pas de place parmi nous. Qu'ils dégagent, qu'ils dégagent tous !", répétaient en chœur des protestataires de tous âges et de toutes les conditions sociales. Il y avait des avocats, des médecins, des enseignants, des commerçants, des chômeurs, des femmes au foyer, des représentants d'associations, de partis politiques…, que l'aversion pour le système et la soif d'un changement radical ont uni depuis le 22 février.Pendant des heures, des dizaines de milliers de voix, dénonçant la duplicité du pouvoir et l'entêtement de ses représentants à rester en place par tous les moyens, ont fait trembler l'avenue Emir-Abdelkader, la rue Larbi-Ben M'hidi, le boulevard de l'ALN (Front de mer). "Ils veulent rester à n'importe quel prix. Ils ont tenté de nous vendre le retrait de candidature de Bouteflika, l'organisation d'une conférence nationale, l'application de l'article 102, mais ils doivent comprendre que leurs ruses sont éventées. Le peuple n'a plus peur et n'arrêtera pas de demander leur départ", a affirmé une manifestante. Signe d'une maturité politique, les leaders des cortèges de marcheurs ont demandé aux manifestants de jeter les affiches qui estimaient que l'article 102 constituait une partie de la solution : "Il aurait fallu l'appliquer en 2013 ou 2014, aujourd'hui, il est dépassé. Nous voulons l'application de l'article 7 qui dit que ‘le peuple est la source de tout pouvoir'", a expliqué un jeune meneur. Les mêmes leaders ont également exhorté les marcheurs à ne pas utiliser les vuvuzzelas ou les instruments à percussion pour que "les slogans soient audibles et bien compris par les gens du pouvoir". On ne sait combien d'Oranais sont descendus dans la rue hier, mais il était visible que leur nombre était plus important que les autres vendredis."C'est la preuve de la détermination du peuple à faire aboutir ses revendications", a déclaré l'un des meneurs en rappelant les paroles d'Abou el-Kacem Chebbi : "Lorsqu'un jour, le peuple veut vivre, force au destin de répondre."