Le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, estime que le chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP), Ahmed Gaïd Salah, qui a proposé samedi 30 mars l'application des articles 102, 7 et 8 de la Constitution pour en finir avec la crise politique, n'est pas très fondé pour dicter au pays la marche à suivre. "M. Gaïd Salah est une partie du problème, il ne peut pas être la solution", assène-t-il. "On se pose la question de savoir pourquoi Ahmed Gaïd Salah a attendu mars 2019 pour demander l'application de l'article 102 alors que tout le monde sait que le Président est malade depuis avril 2013 ? Pourquoi Ahmed Gaïd Salah a-t-il soutenu le 5e mandat alors qu'il savait que ce sont des forces anticonstitutionnelles qui dirigeaient le pays ?" s'est-il encore interrogé. Quelle lecture fait Soufiane Djilali de la nouvelle proposition du vice-ministre de la Défense, à savoir l'application des articles 7, 8 et 9 de la Constitution pour régler la crise politique actuelle ? "Concernant l'application de l'article 7 de la Constitution, c'est une profession de foi vite détournée par l'article 8 qui parle de l'expression de la souveraineté par des institutions élues alors qu'on n'a pas d'institutions élues, elles sont sans légitimité. Quant à l'article 102, son application revient à redonner vie au système actuel avec un intérim de 3 mois qui sera assuré par le président du Conseil de la nation ou le président du Conseil constitutionnel, le maintien de l'actuel gouvernement mais aussi des lois en vigueur pour déboucher, dans 3 mois sur une élection présidentielle", a-t-il expliqué. Et le président de Jil Jadid d'enfoncer le clou : "C'est une manière de donner une nouvelle vie au régime actuel alors que les Algériens le refusent. Ils veulent un changement de régime et non pas de personnes à la tête du même régime." Pour Soufiane Djilali, qui était hier l'invité du Forum du journal El Moudjahid, la priorité présentement est d'aller vers "une période de transition, conduite par des personnalités de consensus chargées de la mission principale de la préparation d'une élection présidentielle transparente et régulière". "La sortie de crise qui secoue le pays ne saurait être sans l'organisation d'élections régulières" et c'est au peuple de "conférer la légitimité à ses responsables". Pour ce qui est de l'attaque frontale menée par le chef d'état-major de l'ANP contre des parties "malintentionnées" qui, selon celui-ci, "s'affairent à préparer un plan visant à porter atteinte à la crédibilité de l'ANP et à contourner les revendications légitimes du peuple", M. Djilali estime que l'Armée n'est pas dans son rôle. "Sur le plan de la forme, je suis très étonné par le contenu du communiqué du ministère de la Défense nationale où l'on parle d'une réunion suspecte. Cela ne relève pas des prérogatives de ce ministère", assène-t-il. A. C.