Les Algériens de France continuent à se mobiliser pour le départ du système en Algérie. Des manifestations ont été organisées ce week-end à Marseille, à Lyon, à Strasbourg, à Lille et à Paris. Un rassemblement, le sixième depuis le début du soulèvement populaire du 22 février, a été tenu, hier après-midi, place de la République. La foule exaspérée était tout aussi compacte que les dimanches précédents. Elle a scandé des slogans hostiles au régime, identiques à ceux scandés en Algérie. "102+7=Sang neuf", affichait une banderole portée par un manifestant. "Nous ne voulons de personne, ni de Gaïd ni des Bouteflika", explique Yamina, enseignante universitaire à Paris. Contestant le jeu de clans qui se déroule actuellement, elle pense que le peuple doit être vigilant et faire en sorte de ne pas se laisser voler sa révolution."Le chef d'état-major veut s'attribuer le beau rôle aujourd'hui en demandant le départ du Président alors qu'il lui est resté fidèle pendant deux décennies. Et puis il faut se méfier des militaires quand ils veulent se charger des transitions vers la démocratie. Nous risquons de nous retrouver avec un Sissi – le président égyptien ndlr – au pouvoir", explique Yamina. Un autre manifestant considère que la poursuite de la mobilisation est le seul moyen de faire plier le régime et de provoquer son départ. "Nous devons continuer à occuper la rue et à nous faire entendre dans le monde", suggère notre interlocuteur. Pour faire écho au soulèvement populaire en Algérie, des expatriés ont pensé à d'autres moyens que les rassemblements. L'Union des étudiants algériens en France (UEAF) a organisé il y a deux jours à l'université Paris 13 un débat sur la situation en Algérie.Une rencontre similaire a été tenue samedi dernier par la section parisienne de l'Union pour le changement et le progrès (UCP), en présence de journalistes. Les participants ont développé des scénarios de transition politique. Ils ont surtout appuyé l'idée qu'il ne faut pas céder aux offres de sortie de crise proposées par les différents acteurs du régime. Le nouveau collectif Dzayer 2.0 organisera, pour sa part, un débat en live, aujourd'hui dans la soirée, afin de recueillir les opinions de la diaspora sur les moyens d'appréhender le changement politique en Algérie. Hier, beaucoup de ces animateurs étaient présents à République. Ils ont animé des stands où le public était invité à s'exprimer. Des hommes et des femmes, d'âge et de niveau social divers ont pris le micro pour dénoncer l'obstination du régime à se perpétuer. Certains ont raconté comment les autorités algériennes les ont privés de leurs droits, parce qu'ils sont immigrés en France. "Tous les harkis et leurs enfants jouissent de privilèges alors que nous avons été exclus", a déploré une dame d'un âge certain. Un autre a révélé avoir voulu entrer en Algérie pour enseigner à l'université mais son diplôme n'a pas été reconnu par le ministère de l'Enseignement supérieur. Les prises de parole et les débats se sont poursuivis toute l'après-midi. Au cours de la manifestation, l'ex-candidat à la présidentielle, Rachid Nekkaz, a voulu improviser une marche jusqu'à la place de l'Opéra. Monté sur une fourgonnette, il a commencé à haranguer la foule. Mais la plupart des manifestants ne l'ont pas suivi. Certains lui ont même demandé de descendre du véhicule et d'arrêter son cirque.