La place de la République ne pouvait pas porter mieux son nom, ce dimanche 3 mars. La République est l'espoir que des milliers de nos compatriotes, établis à Paris et ses environs, sont venus crier avec, comme seules armes, leurs convictions et des banderoles, hostiles au 5e mandat et au système politique actuel. Les manifestants, qui étaient 3 000, il y a trois semaines, au cours du premier rassemblement organisé par le collectif Debout l'Algérie, ont été beaucoup plus nombreux hier. Environ 30 000, selon les organisateurs. Face au raz de marée, la préfecture de police de Paris a déployé un dispositif de sécurité plus apparent que les fois précédentes. Des gendarmes ont été postés derrière la statue qui surplombe la place. Mais leur présence est restée très discrète. Le rassemblement a bénéficié de grands moyens techniques mis à disposition par les organisateurs. Une petite scène a même été installée. Elle a accueilli, pendant quelques minutes, la chanteuse Souad Massi, qui a pris sa guitare pour jouer quelques-unes de ses chansons. Très acclamée, elle a exprimé un peu plus tard son bonheur d'avoir pris part à la manifestation "pour la liberté et pour la dignité". Les slogans, qui ont été scandés à République par la foule, exprimaient aussi le désir de briser les chaînes et de retrouver l'honneur bafoué tels "L'Algérie libre et démocratique" et "Système dégage". "La continuité du système actuel, qui a hypothéqué l'avenir de millions d'Algériens et d'Algériennes, compromet l'avenir de l'Algérie et met la nation en danger", a fait savoir l'Union des étudiants algériens de France (UEAF) dans un communiqué. Pour cette organisation, le rejet du 5e mandat "n'est pas une fin en soi et doit être posé dans le cadre global d'un changement radical et pacifique du système et de la mise en place d'un Etat de droit et de libertés". L'ensemble des collectifs et des mouvements, qui ont appelé au rassemblement de République, ont martelé les mêmes objectifs. "Vous savez quoi ? Nous allons gagner, vous allez gagner, car le peuple algérien, que d'aucuns ont cru indifférent à son destin, s'est levé comme un seul homme pour dire stop aux humiliations, stop à l'autoritarisme, stop à la gabegie et à la corruption", a fait savoir Zoheir Rouis, représentant de Mouwatana et de Jil Jadid, dans une déclaration qu'il a lue devant les manifestants. Il a poursuivi en demandant aux Algériens de "ne pas se laisser voler (leur) victoire contre le despotisme". "Il faut que nous restions mobilisés car nous voyons bien que le régime veut aller vers la confrontation", nous a-t-il ensuite expliqué. Cette confrontation a pris la forme d'une prise de bec vers la fin du rassemblement entre les manifestants et une partisane du 5e mandat qui s'est glissée dans la foule pour jouer les trouble-fêtes. "Nous ne distribuons pas de cachir ici", lui ont répliqué des jeunes avant de la chasser. Samedi, d'autres individus se sont présentés à République pour tenir un rassemblement pro-Bouteflika, mais celui-ci a fait un flop. Les images diffusées sur les réseaux sociaux ont montré une petite foule clairsemée. En revanche, une manifestation hostile au 5e mandat, tenue le même jour à Lyon, a drainé énormément de monde. Idem pour Marseille et Toulouse où l'on comptait, hier, des milliers de participants. S. L.-K.