Tout au long de la marche, les travailleurs ont scandé des slogans hostiles au gouvernement Bedoui, désigné en dépit de "l'illégitimité de ceux qui l'ont nommé". Des centaines de travailleurs de divers secteurs d'activité ont observé, hier, une grève générale et marché dans les rues de Béjaïa. Outre les slogans habituels, appelant au départ inconditionnel du système, les manifestants ont très rapidement réagi à la nomination du gouvernement Bedoui, perçu comme la provocation de trop du clan présidentiel. Autre enjeu de cette mobilisation citoyenne, les cadres syndicaux et les adhérents de l'union de wilaya UGTA, structurés au niveau des entreprises publiques (ENMTP, ETR, EPE Casane, Laboratoire LNCH, etc.), de l'éducation nationale (Sete), de la santé (CHU, Cnas…), exigent également le départ pur et simple de Sidi-Saïd. Les protestataires se sont rassemblés sur l'esplanade de la maison de la culture Taos-Amrouche vers 9h30, mais ce n'est qu'en milieu de matinée que les manifestants ont commencé à marcher en formant des carrés. Tout au long de leur itinéraire, les travailleurs ont scandé des slogans hostiles au gouvernement Bedoui, désigné en dépit de l'illégitimité de ceux qui l'ont nommé, puisque le peuple a tranché, selon certains syndicalistes. En témoignent ces pancartes exhibées par des travailleurs et travailleuses : "Nous exigeons le respect de la volonté populaire", "Oui, pour un départ immédiat du système et de son gouvernement", "Partez tous", "Les vrais hommes, vous les avez tués. Le peuple demande le départ du gouvernement". Et de reprendre en chœur : "Y en a marre de ce pouvoir", "Silmia, silmia", comme pour se rappeler et le rappeler aux personnes qui s'arrêtent pour les observer, que la lutte doit continuer pacifiquement. "Nous sommes unis, vous êtes finis", "Partez tous", ont-ils scandé notamment à l'adresse de Sidi-Saïd, le SG de la Centrale syndicale. Tout en l'appelant à dégager, les manifestants rappelleront que "l'UGTA est le bien des travailleurs". Et comme Sidi-Saïd "a trahi les travailleurs" — ce que l'on pouvait lire sur plusieurs pancartes — on a appelé à la "refondation de l'UGTA". Plus encore, ils disent "vouloir nettoyer l'UGTA pour honorer Aïssat Idir", le fondateur, avec Abane Ramdane, de cette organisation syndicale qui a gagné ses lettres de noblesse durant la colonisation. Cette refondation passe, selon eux, par le départ de Sidi-Saïd ou de "Sidhoum Saïd", comme l'ont appelé les manifestants. M. OUYOUGOUTE