La présidence de la République a annoncé que le Président partant prendra d'"importantes mesures pour assurer la continuité du fonctionnement des institutions de l'Etat durant la période de transition". Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, démissionnera "avant le 28 avril prochain", date de la fin de son mandat électif, mais il devrait prendre d'"importantes mesures pour assurer la continuité du fonctionnement des institutions de l'Etat durant la période de transition", lit-on dans un communiqué de la présidence de la République, diffusé hier. Abdelaziz Bouteflika n'a soufflé mot sur les décisions qui devraient être annoncées avant son départ de la Présidence. Mais il souligne que la nomination, dimanche, de son ultime Exécutif est un prélude de ces annonces qu'il qualifie "d'importantes". "La nomination du nouveau gouvernement en date du 31 mars 2019 par Son Excellence M. Abdelaziz Bouteflika, président de la République, sera suivie par d'importantes décisions qu'il prendra, conformément aux dispositions constitutionnelles, à l'effet de permettre d'assurer la continuité du fonctionnement des institutions de l'Etat durant la période de transition qui s'ouvrira à la date à laquelle il décidera de démissionner. Ladite démission du président de la République interviendra avant le 28 avril 2019, date de la fin de son mandat électif", rapporte le communiqué de la Présidence. Abdelaziz Bouteflika fait probablement allusion à la nomination d'un nouveau président du Conseil de la nation auquel reviendra le poste d'intérimaire à la tête de l'Etat pour une période de 90 jours, le temps de préparer une nouvelle élection présidentielle. Le départ d'Abdelaziz Bouteflika avant la fin de son mandat est en soi une victoire importante pour le peuple qui, depuis six semaines, fait montre d'une détermination inflexible pour déloger le locataire d'El-Mouradia. L'ex-candidat à sa propre succession a fini par renoncer au pouvoir, poussé à la démission par une rue qui ne décolère pas. L'annonce de sa démission était plutôt prévisible. Notamment après les deux dernières interventions de l'armée, tantôt agissantes, tantôt menaçantes, plaidant pour l'application des articles 7, 8 et 102 de la Constitution. Lesquels appellent à constater la vacance du pouvoir du chef de l'Etat et son incapacité à gouverner et à l'organisation d'élection présidentielle à l'issue d'une période de transition managée par le président du Conseil de la nation. Il n'en demeure pas moins que les manifestants et les leaders politiques de l'opposition froncent les sourcils face à l'ultime acte du Président ; celui d'avoir nommé un gouvernement qui, de prime abord, ne répond pas aux aspirations du peuple, de surcroît animé par un Noureddine Bedoui contesté par la rue. Quoi qu'il en soit, après avoir tergiversé, manœuvré et, éventuellement, négocié, Abdelaziz Bouteflika quittera ses fonctions avant la fin de son mandat. Cette fois, c'est la bonne. À moins d'un mois de la fin de son mandat, le Président a choisi de jeter l'éponge. Il n'a décidément plus aucune porte de sortie après que l'étau s'est resserré autour de lui et de ceux qui ont incarné son régime durant ces quatre mandats à la tête du pays. Triste fin pour celui qui tenait mordicus à son pouvoir avant d'être lâché par l'armée et par ses soutiens traditionnels. Après le naufrage de son 5e mandat, sous l'effet d'un mouvement de contestation qui ne montre aucun signe d'essoufflement, Abdelaziz Bouteflika a ensuite révélé son intention de rester au pouvoir au-delà de son mandat prétextant son intention d'organiser une transition, avant de se rendre à l'évidence qu'il n'avait plus aucune légitimité auprès de son peuple.