Des milliers d'étudiants sont à nouveau descendus dans les rues de plusieurs wilayas du pays, hier mardi, mais cette fois ci, et pour la première fois depuis le 22 février dernier, le gouvernement Bédoui a répondu par la répression policière dans la capitale. Bien que les étudiants qui ont investi les rues d'Alger, pour rejeter « le énième scénario imposé par le régime en place », en désignant le président du Conseil de la Nation, Abdelkader Bensalah, chef de l'Etat par intérim et en maintenant le gouvernement Bédoui, étaient pacifiques, les services de police ont utilisé, dans un premier temps, des bombes lacrymogènes pour les disperser. Elles ont fait usage également d'un canon à eau contre les manifestants, à l'avenue Pasteur, près de la Clinique centrale des brûlés Pierre et Claudine Chaulet', causant ainsi des désagréments notamment au personnel de la structure médicale qui était devant la porte de la clinique. Plusieurs étudiants ont été embarqués dans les fourgons de police dans cette avenue, vers les coups de midi, et la procession a été empêchée de marcher vers le tunnel des facultés. Les étudiants se sont rassemblés en masse, ensuite, à la Grande Poste d'Alger, mais quelques temps plus tard, les services anti-émeutes sont, encore une fois, intervenues, en utilisant des bombes lacrymogènes et des canons à eau pour les déloger. Vers 14h30, c'était carrément des interpellations en masse. Des informations ont circulé faisant état d'instructions du Premier ministre Noureddine Bedoui, d'interdire les manifestations, à Alger pendant les jours de semaine à l'exception des vendredis. « C'est malheureux », dira un professeur d'université venu accompagner ses étudiants dans cette manifestation. « La machine répressive est de retour avec l'installation du gouvernement Bedoui, et la désignation de Bensalah comme chef d'Etat par intérim » regrette-t-il. En réponse à cette répression, les étudiants ont scandé «tous les jours des marches, et on ne va pas s'arrêter». Et d'une seule voix ils ont crié «dégage Bensalah » et «gouvernement de bricolage dégagez et prenez avec vous Bedoui». Les secouristes bénévoles qui ont l'habitude de briller par leur intervention solidaire auprès des manifestants tous les vendredis, sont venus, hier, exceptionnellement pour porter secours aux étudiants. Munis d'une bouteille de vinaigre et d'une boîte à pharmacie, un des secouristes nous a affirmé que «on a l'habitude d'intervenir tous les vendredis, mais dès qu'on a vu des images sur Facebook montrant l'utilisation de bombes lacrymogènes, on s'est vite déplacés sur les lieux pour porter des secours aux manifestants ou aux policiers ». Il faut savoir que ce groupe de secouristes volontaires compte déjà 800 jeunes. Des personnes âgées tentaient sans cesse d'interpeller la conscience des policiers «vous êtes issue du peuple vous n'allez pas violenter tout de même les enfants du peuple». Mais à priori «les ordres sont les ordres». Bien qu'ils n'ont pas agi agressivement, ils ont tout de même empêché la marche des étudiants et leur rassemblement à la Grande Poste d'Alger. Ils ont également procédé à de nombreuses interpellations. A noter que les membres du parti RND qui observaient le déroulement de la manifestation à partir du balcon de leur bureau, près de la Grande Poste d'Alger, ont été sévèrement hués par les étudiants. Dans les autres wilayas, les marches des étudiants se sont déroulées sans aucun incident.