Le rapport présenté par l'envoyé spécial de l'ONU en Libye, Ghassane Salamé, a pourtant de quoi interpeller la communauté internationale sur l'urgence d'une solution politique. L'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, les Etats-Unis, l'Egypte et la France, ainsi que la Russie forment désormais une alliance contre le Gouvernement libyen d'union nationale (GNA), issu de l'accord parrainé par les Nations unies. Ce développement constitue le coup de grâce au plan des Nations unies, que Washington et Moscou avaient pourtant soutenu au Conseil de sécurité. Cette alliance apporte un soutien direct au maréchal Khalifa Haftar, qui pourrait même bénéficier de la levée de l'embargo sur les armes par les Etats-Unis après sa discussion au téléphone avec Donald Trump. Le communiqué de la présidence américaine faisant l'éloge du "rôle significatif du maréchal Haftar dans la lutte contre le terrorisme et la sécurisation des ressources pétrolières de Libye", ne laisse aucun doute sur la nouvelle position des Etats-Unis vis-à-vis du conflit en Libye. Bien que le Pentagone affirme qu'il ne privilégie pas l'option militaire dans ce pays, ce soutien à l'armée de Haftar ne peut avoir que des conséquences désastreuses pour la Libye, où le dernier bilan des combats autour de Tripoli donné hier par le journal Alwasat fait état de 220 morts et 1066 blessés.Le conflit libyen ne peut que s'embraser après le blocage au Conseil de sécurité par les Etats-Unis et la Russie de la résolution du Royaume-Uni appelant à un cessez-le-feu et au retrait des troupes du maréchal Khalifa Haftar. Fayez as-Sarraj n'a pas tardé à réagir à ces développements dans des déclarations vendredi à la BBC, affirmant que "le peuple libyen a le sentiment que le monde l'a abandonné". Le président du Gouvernement d'union nationale libyen met en garde contre la probable exploitation par le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique de cette situation d'instabilité en Libye pour rebondir. Devant ces développements, le président italien, Sergio Mattarella, a appelé à éviter que la Libye ne devienne une "zone de bataille" entre les différentes puissances de la région internationales. Dans ses déclarations à l'agence italienne AKI, Sergio Mattarella demande à l'Union européenne d'user de tout son poids politique pour préparer les conditions idoines pour la paix, la stabilité, le développement et le respect des droits de l'homme en Libye. Par ailleurs, la France se dit "surprise" des déclarations du ministre libyen de l'Intérieur qui a accusé jeudi la France de soutenir le maréchal Khalifa Haftar dont les forces ont lancé un assaut contre la capitale Tripoli. "Nous sommes surpris par ces déclarations dont nous ne savons pas si elles engagent l'ensemble du Gouvernement d'entente nationale (GNA)", a indiqué la porte-parole du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, Agnès Von Der Muhll lors d'un point de presse. Rappelons que dans le communiqué publié par son service de presse, le ministre de l'Intérieur, Fathi Bach Agha, a ordonné la suspension de tout lien entre (son) ministère et la partie française dans le cadre des accords sécuritaires bilatéraux (...) à cause de la position du gouvernement français soutenant le criminel Haftar qui agit contre la légitimité.