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Comment et pourquoi un militaire se positionne-t-il au milieu du gué ?
La rue s'en prend à GaId Salah
Publié dans Liberté le 29 - 04 - 2019

Il n'est pas besoin de recourir à des analyses fines pour comprendre que le commandement militaire incarné par le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, s'est transformé, aujourd'hui, en façade d'un pouvoir réel qui tire les ficelles dans l'ombre. De fait, les yeux et les oreilles des citoyens sont rivés sur cette autorité qui fait écran entre la rue et le pouvoir légal exercé au nom d'Abdelaziz Bouteflika. L'orientation, défendue jusque-là par le plus vieux militaire du monde, plaide pour une irruption de l'armée sur la scène publique qui consiste à sauver ce qui peut encore l'être du système politique honni et dénoncé par l'ensemble des populations. C'est ainsi que tant qu'une autorité politique civile acceptée par le peuple algérien fait défaut, la politique en cours fait prendre le risque à l'Armée nationale populaire de mettre en jeu son unité et sa crédibilité. C'est la première urgence à régler, et le discours retoqué qu'on a fait relire à Gaïd Salah vingt-quatre heures après la lecture d'une copie qui fait l'impasse sur le mouvement populaire est une source d'inquiétude. C'est à croire que la seule feuille de route est de venir à bout de la contestation par la manœuvre et la ruse.
En tout cas, le discours lu le 23 avril 2019 par le chef d'état-major indique bien que l'institution s'est embarquée dans une aventure. En déphasage total quant à la revendication essentielle du mouvement, les formules populistes de déclarations d'amour au "hirak" laissent place à l'agacement et à la nervosité. Cette posture dénote non pas l'existence d'un agenda politique concerté à mettre en œuvre par l'argumentation pour un retour à la souveraineté du peuple (transition), mais une mission commandée à exécuter. En un mot, le plan dont Gaïd Salah fait la promotion n'est pas un plan de sortie de crise pour le pays ; il est d'abord un plan de retraite moins coûteux pour les dignitaires du régime qui ont mené le pays à la catastrophe. La confusion, par nature contre-révolutionnaire, installée et entretenue à dessein marque le refus d'imprimer une visibilité dans les objectifs de ce pouvoir de fait ; c'est le cœur du problème.
Que l'on juge :
La corruption, avec son corollaire la cooptation, durant vingt ans, d'un personnel souvent médiocre dans la majorité des postes de responsabilité dans la vie politique, socioéconomique et diplomatique, a été l'instrument privilégié par Bouteflika pour asseoir sa mainmise sur tous les appareils du pouvoir. Il a instauré la notion de distribution de l'argent public.
Le démantèlement d'une telle pieuvre qui gangrène toute la vie publique, car il s'agit de cela, est un chantier que seule une autorité investie de la crédibilité et de la légitimité populaires peut traiter dans le cadre de la loi au moyen de l'autonomie et de la transparence de la justice. Sur le fond, l'inflation des convocations par une justice malmenée et largement discréditée, tout au long du règne de Bouteflika, ne peut convaincre personne de la bonne foi en la démarche voulue par le commandement militaire. Sur la forme, et c'est aussi fondamental, la recherche des équilibres claniques, qui transparaît dans la distribution des convocations de la justice, ne trompe personne sur le caractère fondamentalement politicien de l'opération. Ce qui peut déboucher sur une opération de chasse aux sorcières au lieu et place d'un processus de justice et de vérité pour récupérer ce qui peut l'être et tourner la page en l'inscrivant dans la mémoire collective de la nation (plus jamais ça).
Pour le reste, avant que des opérateurs économiques ou des seconds couteaux ne soient mis au banc des accusés, ce qui doit être fait, l'ancien chef de l'Etat et son entourage immédiat, dont le conseiller, Saïd Bouteflika, et le général Médiène, demeurent les promoteurs, voire les parrains de la politique de pillage des ressources du pays et les artisans de l'exclusion de la majorité du peuple algérien du droit à la citoyenneté. La convocation d'Abdelaziz Bouteflika devant les tribunaux est incontournable pour toute opération d'assainissement sérieuse, d'autant que son état de santé risque de s'aggraver sans qu'il soit entendu sur les dérives de sa longue mandature. Ce sont les urgences de l'heure. Les procès techniques viendront naturellement dans la transparence avec l'entame d'une phase de transition pilotée par la société civile issue de la contestation populaire.
Ni la hiérarchie militaire ni le gouvernement hérité de l'ancien chef de l'Etat ne sont qualifiés pour mener de tels chantiers aux yeux du peuple et dans l'impératif de tourner la page d'un autoritarisme ravageur de nos repères sociaux et de la solidarité ancestrale de notre peuple. Sur un autre plan, comment peut-on se proclamer comme une institution qui veut accompagner le peuple algérien pour concrétiser ses revendications à la citoyenneté et à se donner des institutions de son choix quand on défend un chef de l'Etat par intérim boycotté par tous les segments sociaux ? Comment peut-on déclarer sa ferveur au peuple et ne pas prendre acte que les ministres du gouvernement constituent un facteur de désordre et de "fitna" ? À ces questions, il n'y a pas d'autres réponses possibles que celle qui confirme que le chef d'état-major est positionné au milieu du gué. Il n'a aucune maîtrise de son agenda, encore moins une feuille de route pour sortir le pays de l'impasse. Il est vrai que l'entourage de Bouteflika, dont Ahmed Gaïd Salah lui-même, s'est maintenu longtemps par la promotion du statu quo dont la dernière trouvaille était le recours à la planche à billets pour doper les caisses de la dépense publique.
C'était une situation de reflux sans fin, croyaient les experts de la secte. La situation a basculé un certain 22 février 2019. Le vice-ministre (de Bouteflika ?) de la Défense ne semble pas en avoir pris la mesure.

O. S.
(*) Secrétaire national du RCD


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