Selon les résultats des investigations menées par les services du commerce, des embouteilleurs utilisent des édulcorants dangereux aux lieu et place du sucre, et ce, en violation de la réglementation en vigueur. Les boissons gazeuses produites par certains limonadiers, notamment à l'Ouest du pays ne sont pas conformes aux normes requises. Pis, elles représentent un danger pour les consommateurs. Ces producteurs ne respectent pas la réglementation en vigueur liée à la composition de ces produits. Une enquête lancée par le ministère du commerce depuis une année et qui, d'ailleurs suit son cours, actuellement, au sein du centre algérien de contrôle de la qualité (Cacq), a d'ores et déjà révélé quelques résultats, on ne peut plus inquiétants, sur des échantillons recueillis à travers le territoire national. Sur plus de 150 échantillons prélevés dans des régions bien ciblées, où il est recensé un nombre important de producteurs, il a été enregistré un fort taux de non-conformité des boissons gazeuses mises sur le marché. Les premiers résultats de l'investigation enclenchée dans la région de l'Oranie indiquent que plus de 70% des échantillons analysés par le Cacq ne sont pas conformes. Les experts de ce centre ont constaté, après une analyse physico-chimique, la présence d'édulcorants à la place du sucre dans la composition de ces boissons. Il s'agit essentiellement du cyclamate de sodium, un édulcorant interdit d'usage parce qu'il est cancérigène à long terme. Le fabricant substitue donc le sucre par cet édulcorant qui a un pouvoir sucrant supérieur à 5 fois celui du sucre. Au lieu d'utiliser l'équivalent de 5 morceaux de sucre, il préfère fabriquer sa boisson à base de cet édulcorant qui ne nécessitera qu'une quantité infime estimée à un gramme. Selon un observateur très au fait dans le domaine, “il existe 1 400 fabricants de boissons gazeuses dont 700 sont des personnes physiques. Or, seulement une vingtaine parmi ces 700 limonadiers sont connus”. Le reste, estime cette source, “travaille dans des conditions d'hygiène douteuses et commercialisent des produits que les analyses de contrôle jugeront aisément impropres à la consommation. Une autre partie de ces producteurs opte pour le piratage de marque en commercialisant les boissons des autres marques de main en main”. Un autre observateur avouera pour sa part : “La hantise d'être obligé un jour de mettre la clef sous le paillasson pousse les embouteilleurs à pratiquer une guerre des prix souvent au détriment de la qualité du produit donc de la santé du consommateur.” L'usage de cet édulcorant, faut-il le préciser, représente une infraction à la réglementation en vigueur. Un nouvel arrêté interministériel qui date du 4 avril 2005 modifie l'arrêté interministériel du 28 décembre 1997 qui fixe la liste des produits de consommation représentant un caractère de toxicité ou un risque particulier. L'utilisation de certains édulcorants n'est pas interdite pour les boissons pour peu que cet usage soit mentionné sur l'étiquetage et que le consommateur soit informé. S'il ne le mentionne pas, son produit sera, après vérification, retiré du marché, il verra son usine fermée et son dossier transmis à la justice. Les premières conclusions de l'enquête ont révélé, en outre, que ces limonadiers sont de petites unités méconnues implantées dans des localités isolées qui ne disposent pas de laboratoires de contrôle. Il faut noter que le taux de non-conformité des échantillons prélevés est presque de 100% respectivement dans les wilayas d'Oran, de Aïn Defla, de Mostaganem, de Béchar, de Chlef, de Sidi Bel-Abbès, et de 50 % à Relizane et Mascara. Si l'enquête a ciblé l'ouest du pays, ce phénomène n'est pas spécifique à une région. Il touche des limonadiers à travers le territoire national, révélent des sources concordantes. B. K.