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Un marché déréglementé
Industrie des boissons gazeuses en Algérie
Publié dans El Watan le 31 - 08 - 2005

L'industrie des boissons gazeuses en Algérie est en perpétuelle expansion. S'il est vrai qu'une gamme de boissons gazeuses à saveur très variée s'offre aujourd'hui aux consommateurs, il n'en demeure pas moins que parfois la qualité laisse à désirer.
Parallèlement, le consommateur algérien est beaucoup plus attiré par le prix de la boisson que par sa qualité en raison d'un faible pouvoir d'achat. Cet état de fait a généré une compétitivité dans le domaine souvent déloyale. Les producteurs ayant un label dans le secteur, à l'image de Coca-Cola et de Pepsi, persistent et signent : « On fait face à une concurrence déloyale. » Pour le directeur général de Fruital Coca-Cola, Moncef Saïd Othmani, « nous assistons aujourd'hui à deux sortes de concurrences : une concurrence tout à fait normale, classique par rapport à des marques connues telles que Pepsi, Coca-Cola, Hamoud Boualem, et une concurrence déloyale caractérisée par les petites marques ». Ces dernières, selon lui, « ne tiennent compte ni de la qualité, ni des conditions d'hygiène, ni de toutes les conditions requises pour avoir un produit de qualité ». Résultat : une concurrence déloyale qui permet à ces limonadiers d'offrir sur le marché des produits de moindre qualité à des prix très concurrentiels. Le directeur commercial d'Atlas Bottling Corporation (Pepsi), Mostefa Guidoum, considère, pour sa part, que « le marché est clair en termes d'acteurs principaux dans la production des boissons gazeuses ». Pour lui, « il y a trois marques saillantes : Coca, Pepsi et Hamoud Boualem, les autres - qui représentent un peu plus de 50% des parts du marché - n'obéissent à aucune règle en termes de qualité et d'hygiène ». M. Guidoum ne néglige toutefois pas la performance de certains limonadiers, à l'image d'Ifri (Béjaïa) et de Bouna (Annaba), « qui se détachent légèrement des autres producteurs », qu'il évalue entre 900 et 1200 embouteilleurs. Le marché de la limonaderie, selon lui, « est très spécifique puisqu'il n'existe ni au Maroc, ni en Tunisie, ni en Egypte ». M. Guidoum prend l'exemple du Maroc où, selon lui, « il y a seulement deux marques : Pepsi, qui a démarré il y a à peine une année et demie, et Coca-Cola qui détient 95% des parts de marché ». Dans ce pays, a-t-il estimé, « les règles du jeu sont automatiquement claires, car mettant en prise deux marques internationales dont les règles sont bien établies en matière de marché et de qualité ». Ce n'est pas le cas en Algérie où, regrettent les deux producteurs, « chez la plupart des embouteilleurs, le minimum n'est pas respecté en termes de qualité et de sauvegarde de la santé des consommateurs ». Profitant de l'absence d'un contrôle rigoureux, plusieurs embouteilleurs, peu scrupuleux, n'hésitent pas à mettre sur le marché des produits sans étiquette en mettant en danger la santé des consommateurs. Récemment, une trentaine d'unités ont été fermées par les services du ministère du Commerce pour cause de non-respect des règles d'hygiène et d'utilisation des édulcorants tel le cyclamate qui est un produit connu pour ses effets cancérigènes. Ce constat a amené les grands producteurs - Pepsi et Coca-Cola - à exiger des pouvoirs publics plus de contrôle dans la profession. « On ne demande pas jusqu'à prendre la décision d'arrêter ceux qui ne sont pas conformes à la qualité du produit, mais il va falloir arriver à réglementer ce marché », estime M. Guidoum. Ce dernier regrette qu'il n'y ait pas assez de contrôle de la production. « Il n'y a pas de prélèvements systématiques au niveau de la fabrication par les pouvoirs publics », selon lui. De son côté, le directeur général de Coca-Cola reconnaît qu'il y a eu des actions des services concernés, notamment le ministère du Commerce. Mais, à ses yeux, « celles-ci demeurent insuffisantes ». Selon lui, « il faudrait que tout limonadier puisse répondre à des conditions d'hygiène draconiennes ». « Qu'on ne puisse pas donner, a-t-il regretté, des autorisations d'exploitation à quelqu'un qui travaille dans un garage. Il faut que l'emballage soit adéquat pour protéger le consommateur. » Toujours est-il, selon lui, « toutes ces préoccupations ont été soumises, dans le cadre de l'Association des producteurs algériens de boissons gazeuses (APAB), aux pouvoirs publics ». M. Othmani évoque également le cas de la société civile qui a, selon lui, un rôle important à jouer par la création d'associations pour la sensibilisation et l'éducation des consommateurs. « Le rôle d'une association de consommateurs, c'est justement d'amener le consommateur à choisir la qualité du produit », a-t-il estimé.
Le légendaire Hamoud Boualem
Prenant l'exemple de son unité, M. Othmani a affirmé que tous les produits Coca-Cola sont systématiquement contrôlés : « En plus d'un autocontrôle physicochimique qui se fait au sein de l'usine, des échantillons sont envoyés à l'Institut Pasteur, un contrôle sur le marché qui se fait par une société étrangère et les prélèvements que fait régulièrement le service de la répression des fraudes du ministère du Commerce. » Coca-Cola dispose de sa propre unité de traitement d'eau. Celle-ci utilise la méthode de l'osmose inverse pour le traitement de l'eau. Un produit entrant dans la formulation des boissons gazeuses à raison de 80%. Pour Pepsi, en plus d'un autocontrôle interne, il est également contrôlé sur le marché par un laboratoire d'analyses irlandais. Pepsi vient de reprendre le flambeau en termes de volume de vente. « On est passé leader sur le territoire national sur les boissons gazeuses depuis mai », affirme Mostefa Guidoum. Les statistiques établies par AC Nielsen (bureau de statistiques international) classent, en mai dernier, ce producteur en première position avec 19,4% des parts de marché, suivi de Coca-Cola (19,2%) et de Hamoud Boualem (12,7%). L'année dernière, selon M. Guidoum, Pepsi avait connu un taux de progression en termes de volume de vente de l'ordre de 10% par rapport à l'année précédente (2003) laquelle était, selon lui, légèrement supérieure à 2002. Au premier semestre 2005, Pepsi est à 17% de plus que l'année 2004 durant la même période. Tout en gardant sa première position, détenue depuis longtemps à l'est du pays, selon M. Guidoum, Pepsi devient leader à l'Ouest depuis mai dernier, mais reste insuffisant au Centre qui est le fief des consommateurs de Hamoud Boualem qui reste imbattable dans cette région du pays. La consommation des boissons Hamoud Boualem, installé à Alger depuis plus d'un siècle, est une tradition et une habitude chez les Algérois. « Le phénomène Hamoud Boualem est un phénomène culturel. Ses produits sont bien ancrés au centre du pays », selon M. Othmani pour qui le volume de sa production est plutôt cyclique. « Nous maintenons notre position, mais il y a une perturbation au niveau du marché par rapport à ce qu'on faisait avant », reconnaît-il. Coca-Cola, installée depuis 13 années dans le pays, développe également son marché en faisant des promotions. Près de 10 000 frigos sont éparpillés à travers les clients pour mettre à la disposition des consommateurs un produit frais et de bonne qualité, selon le premier responsable de cette unité de production. En plus de cela, Coca-Cola a fait du direct chez les détaillants en servant plus de 6000 clients. Des centres de distribution sont également ouverts pour rapprocher plus son produit dans les autres régions du pays. Qu'est-ce qui différencie Coca produit en Algérie de celui des autres pays ? « En principe, il n'y a pas de différence, c'est la même formule. C'est la qualité de l'eau à travers sa composition chimique, telle sa dureté, qui différencie le goût », a estimé M. Othmani.


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