À la difficulté politique de tenir l'élection présidentielle dans les délais fixés, s'ajoute la difficulté technique, celle liée à la défection d'APC et de magistrats quant à la supervision du processus électoral et à l'organisation du vote. Le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, a réitéré son appel à un dialogue "intelligent, constructif et de bonne foi". Ce dialogue, selon lui, "reste l'unique moyen pour construire un consensus fécond, le plus large possible, de nature à permettre la réunion des conditions appropriées pour l'organisation, dans les délais convenus, de l'élection présidentielle". Abdelkader Bensalah, disqualifié par la rue pour la conduite de la transition, a expliqué que rien ne pourra secouer sa certitude quant à la nécessité de maintenir la feuille de route du pouvoir en place. Contre vents et marées, Bensalah ne veut pas céder à la pression de la rue. Il compte sur la présidentielle pour trouver une issue à la crise et une sortie de l'impasse. Au vu des conditions dans lesquelles se trouve le pays depuis plus de deux mois, il est fort à craindre que la feuille de route étrennée par ceux qui ont pris le relais après la chute de Bouteflika s'accompagnera d'un coup de force, étant rejetée et dénoncée de toutes parts. Cet entêtement du chef de l'Etat à tenir le scrutin présidentiel dans les "délais convenus" envers et contre tous est porteur de gros risques pour le pays. Les conditions pour une élection, que Bensalah espère pouvoir réunir à l'issue du dialogue "intelligent, constructif et de bonne foi", ne sont pas évidentes. Sa première tentative pour ce faire a été un flop retentissant. Cela dit, cette obstination à vouloir imposer une trajectoire est, pour le moins qu'on puisse dire, une manière de s'engager davantage dans l'impasse. À la difficulté politique de tenir l'élection présidentielle dans les délais fixés s'ajoute la difficulté technique, celle liée à la défection d'APC et de magistrats, quant à la supervision du processus électoral et à l'organisation du vote. Ces personnels ont, en effet, annoncé qu'ils bouderont la préparation de l'opération en amont et en aval. L'annonce des maires et des magistrats de ne pas procéder à la révision des listes électorales pour les premiers et de ne pas superviser le scrutin pour les seconds pose un véritable écueil organisationnel. Cela dit, la décision des premiers responsables des communes et des magistrats n'était pas le fait du hasard, puisqu'elle vient comme une prolongation de la position tranchée de la rue. Cette dernière a tenu, symboliquement, son scrutin. Le résultat est public : aucune élection avant le départ total du système. Abdelkader Bensalah n'ignore pas que tous ces ingrédients rendent sa feuille de route caduque et désuète. Indépendamment des personnes, la rue réclame un nouveau système politique bâti sur la démocratie, la transparence et le respect des libertés. Continuer à ignorer cette revendication, c'est engager le pays dans l'incertitude.