Ni le jeûne, conjugué à la canicule du jour, et encore moins le dispositif sécuritaire déployé sur les lieux n'ont affecté la résolution des étudiants à poursuivre leur "combat pacifique" jusqu'au changement politique souhaité. Le hirak estudiantin ne s'essouffle pas, et ce, même durant le Ramadhan, puisqu'ils étaient, hier, toujours aussi nombreux à battre le pavé au centre de la capitale pour réitérer leurs revendications liées au départ du système. Ils ont admirablement bravé l'impressionnant dispositif sécuritaire déployé dans les principales artères de la capitale. Des camions à canon à eau, des chasse-neige et des patrouilles des forces de l'ordre étaient visibles depuis le boulevard Mohammed-V, tout le long du bâtiment de la Fac centrale et l'avenue Dr Saâdane. En fait, tout le parcours de la manifestation était quadrillé par des forces antiémeutes. Ni le jeûne, conjugué à la canicule du jour, et encore moins le dispositif sécuritaire déployé sur les lieux n'ont affecté la résolution des étudiants à poursuivre leur "combat pacifique" jusqu'au changement politique souhaité dans le pays. Les futurs cadres de la nation ont voulu réitérer leur soutien au grand mouvement populaire qui tiendra, vendredi prochain, son douzième acte de "Silmiya". L'un des messages forts à retenir est que les étudiants, qui sont depuis plusieurs semaines en grève sont prêts à sacrifier leur cursus et même à perdre leur année universitaire. Les jeunes contestataires ont voulu également démontrer qu'ils restent plus que jamais impliqués dans le hirak. "Nous sommes venus, aujourd'hui, pour dire, une nouvelle fois, au peuple qu'il ne faudra jamais baisser les bras. Nous devons maintenir cette pression sur les tenants du pouvoir politique jusqu'à la libération totale du pays. Le jeûne ne nous gêne nullement, au contraire, le Ramadhan reste, pour nous, étudiants, une source d'inspiration et de motivation pour libérer le pays de l'emprise de la mafia", soutiendra une étudiante en pharmacie qui nous a pris à témoin, au bas de l'esplanade de l'emblématique édifice de la Grande-Poste qui, déjà, dès 10h, était noire de monde. Venus de différentes écoles et universités de la région Centre, les étudiants drapés dans l'emblème national ont pris place sur les escaliers de la Grande-Poste. La circulation automobile était pratiquement bloquée. Adaptant leurs revendications aux derniers développements intervenus sur la scène politico-médiatique, les jeunes contestataires ont d'abord repris un nouveau slogan lié au mois de Ramadhan : "Ya el-issaba, khellouna nsoumou labas" (Mafia, laissez-nous jeûner en paix), "Viva l'Algérie, yetnahaw gaâ", "Allah Allah ya baba, djina nenahiw el-îssaba" (Nous sommes venus virer la mafia) ou encore "Makach el-intikhabet, ya el-îssaba" (Pas d'élection tant que la mafia est en place). Ce n'est qu'à 11h30 que la marche démarre du jardin Mohamed-Khemisti en direction du Tunnel des facultés. Tout en entonnant en chœur des chants patriotiques, les manifestants ont emprunté le parcours "autorisé", à savoir la rue Mohamed-Khemisti en passant par l'avenue Dr Saâdane jusqu'à hauteur de la rue du 19-Mai-1956, adjacente à l'entrée principale de la Fac centrale, puisqu'un cordon de sécurité était en place pour barrer l'accès au Tunnel des facultés. D'autres groupes, bloqués à la rue Didouche-Mourad, reprennent les mêmes mots d'ordre, appelant au changement : "Nous sommes contre le vote du 4 juillet, qui vise la confiscation de la souveraineté du peuple", "Main dans la main, nous parviendrons à les virer tous". Les jeunes protestataires ont affiché une détermination sans faille à poursuivre le hirak en se donnant un nouveau rendez-vous vendredi prochain pour le 12e acte de la mobilisation populaire. Hanafi H.