Pour ce 13e vendredi, le second durant le mois de Ramadhan, la mobilisation populaire contre le système n'a pas faibli, bien au contraire elle s'est amplifiée. Hier, et en dépit d'une température qui dépassait les 30° à Bouira, des milliers de citoyens sont sortis dans la rue pour exprimer leur refus de l'élection présidentielle du 4 juillet prochain et exiger le départ du chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, de Bedoui et de son gouvernement, ainsi que demander au général de corps d'armée, chef d'état-major Ahmed Gaïd Salah, de "rester à la caserne". C'est vers 13h30 que des milliers de jeunes venus des quatre coins de la wilaya, se sont donné rendez-vous aux points de ralliement, à savoir le quartier de l'Ecotec et la place des Martyrs. Cette fois, ils étaient environ 50 000 citoyens, selon les estimations des services de sécurité, qui ont battu le pavé, ce qui est très important pour un mois de Ramadhan. Tout comme vendredi dernier, des slogans hostiles au chef d'état-major, à l'instar de "Sorry Gaïd Salah, echaâb machi djayeh" (Désolé Gaïd Salah, le peuple n'est pas naïf), ou encore "Monsieur Gaïd, attention le peuple n'acceptera jamais une dictature militaire", ont été scandés par les manifestants. Selon Laref Triki, coordinateur du bureau local du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP), l'élection que compte organiser le pouvoir n'a aucun sens. "Après avoir mené le pays au bord du précipice durant ces 20 dernières années, ce pouvoir veut à tout prix sortir par la grande porte en faisant miroiter au peuple qu'il va sauver le pays. Des mensonges éhontés que personne ne peut gober maintenant", a-t-il dénoncé. 14h30, l'esplanade de la maison de la culture Ali-Zamoum de Bouira était pleine comme un œuf. Tout ce beau monde s'est ensuite regroupé devant le siège de la wilaya, d'où une marche grandiose a été entamée. Des dizaines de milliers de citoyens étaient dans la rue, dans une ambiance festive empreinte de solidarité, afin de rejeter l'offre du pouvoir et tenter de faire barrage à ses manœuvres pour se maintenir contre la volonté du peuple. S'agissant des pancartes et des banderoles brandies, ainsi que d'autres slogans scandés lors de cette démonstration de force, ils vont des plus classiques tels que "Le peuple veut la chute du régime", "Système dégage", "FLN et RND dégagez !" en passant par le désormais célèbre "Ni Bensalah ni Gaïd Salah, yetnahaw gaâ !". RAMDANE BOURAHLA