Les trois personnalités ont ainsi ouvertement pris option en faveur d'une transition hors des circuits délimités par le pouvoir en place. Dans une déclaration commune rendue publique hier, Abdenour Ali-Yahia, Rachid Benyelles et Ahmed Taleb Ibrahimi ont appelé à ouvrir des passerelles de dialogue avec des représentants du hirak et des forces politiques de l'opposition. C'est l'unique solution possible à l'impasse politique actuelle, suggèrent-ils. Dit autrement, la solution ne peut plus être du seul ressort de la Constitution, contrairement à l'idée d'une issue conforme à l'article 102 de la loi fondamentale défendue à grand bruit par le chef d'état-major. "Nous, signataires de la déclaration du 7 octobre 2017 ainsi que du présent appel, demandons instamment au commandement de l'ANP de nouer un dialogue franc et honnête avec des figures représentatives du mouvement citoyen (hirak), des partis et des forces politiques et sociales qui le soutiennent, afin de trouver, au plus vite, une solution politique consensuelle en mesure de répondre aux aspirations populaires légitimes qui s'expriment quotidiennement depuis bientôt trois mois", lit-on dans cette déclaration signée par Abdenour Ali-Yahia, Rachid Benyelles et Ahmed Taleb Ibrahimi, rendue publique hier. Dénonçant l'acharnement à maintenir l'agenda politique préalablement établi avec, comme substance, l'organisation d'un scrutin "rejeté par l'immense majorité de la population", les signataires de ladite déclaration estiment que "la situation de blocage à laquelle nous assistons par le maintien de la date du 4 juillet ne pourra que retarder l'avènement inéluctable d'une nouvelle république". "Car, comment peut-on imaginer des élections libres et honnêtes, alors qu'elles sont d'ores et déjà rejetées par l'immense majorité de la population parce que organisées par des institutions encore aux mains de forces disqualifiées, opposées à tout changement salutaire ?" Ils tentent ainsi de remettre les pendules à l'heure, pendant que les promoteurs de la pensée unique s'ingénient à tenter tout ce qui peut être capable de reproduire les pratiques d'un système finissant. Dans la foulée, Abdenour Ali-Yahia, Rachid Benyelles et Ahmed Taleb Ibrahimi sonnent le tocsin quant à une situation de blocage "porteuse de graves dangers dans une situation régionale tendue". À leur avis, la recette est là, sous les yeux du vice-ministre de la Défense, destinataire de leur appel. Elle est essentiellement politique. La classe politique a montré la voie : seule une solution politique consensuelle pourrait venir à bout d'une impasse politique aux conséquences économiques évidemment dangereuses. Règle de base de cette solution consensuelle à laquelle appellent Abdenour Ali-Yahia, Rachid Benyelles, Ahmed Taleb Ibrahimi et, bien avant eux, nombre de personnalités et de partis politiques : acquiescer au vœu du peuple, partir sur des bases solides et ne pas reproduire les pratiques pour le moins humiliantes de l'ancien régime. "Après avoir obtenu la démission forcée du président candidat moribond, les manifestants, dont le nombre a atteint des sommets historiques, exigent maintenant l'instauration d'un Etat de droit et d'une véritable démocratie, en passant préalablement par une période de transition de courte durée, conduite par des hommes et des femmes n'ayant jamais appartenu au système profondément corrompu des vingt dernières années", lit-on dans la déclaration des trois personnalités politiques. Ils ont ainsi décidé de rompre le silence pour dire la nécessité de cette période de transition "pour mettre en place les mécanismes et dispositions permettant au peuple souverain d'exprimer librement et démocratiquement son choix à travers les urnes, un processus qui va dans le sens de l'histoire et que rien ni personne ne saurait arrêter". Un message lourd de sens adressé aux artisans des initiatives, faisant fi des aspirations légitimes des manifestants, sortis clamer leur soif de liberté et de démocratie. Abdenour Ali-Yahia, Rachid Benyelles et Ahmed Taleb Ibrahimi ont ainsi ouvertement pris option en faveur d'une transition hors des circuits délimités par le pouvoir en place. Plus personne ne croit désormais à la solution constitutionnelle à laquelle tient le régime.