Après avoir clôturé l'université d'été de son Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie, organisée du 18 au 25 de ce mois, à Aokas, Ferhat Mehenni a animé, hier, à l'hôtel Royal, une conférence de presse à travers laquelle il a abordé toutes les questions politiques liées à l'actualité nationale. “L'action du MAK est largement positive. Même si nous n'avons pas de structures bien identifiées sur le plan médiatique, nous avons des relais sur tout le territoire kabyle et au-delà”, a-t-il déclaré avant d'exprimer son souhait de voir son mouvement tenir son congrès avant la fin de l'année prochaine. Le conférencier estime que l'ensemble des débats, aujourd'hui, des forces politiques ancrées en Kabylie s'articule autour de l'avenir de la région et du peuple kabyle. “La régionalisation positive ou régionalisation modulable prônée par le FFS et le RCD ne font qu'alimenter l'idée du thème central qui est l'autonomie de la Kabylie”, juge-t-il, avant d'ajouter : “Je pense que nous pouvons crier victoire par rapport à cette mission qui est aussi celle de donner des repères à la société kabyle.” S'agissant de la faisabilité de son projet qui s'inspire du modèle espagnol, Ferhat Mehenni estime qu'“il faut créer une mobilisation sur le terrain à même de concrétiser l'idée par voie référendaire, et il appartient à la région de mandater ses représentants pour négocier avec le pouvoir central”. Abordant les questions politiques nationales de l'heure, la dissolution des assemblées locales de Kabylie, la révision constitutionnelle, l'amnistie générale et le dialogue avec les archs, Ferhat Mehenni a déclaré que “le MAK ne peut souscrire à l'application d'une résolution qui n'est pas contenue dans la plate-forme d'El-Kseur et qui découle d'un dialogue tronqué entre le pouvoir en place et une petite frange des délégués kabyles qui, de son propre aveu, ne représente plus la région”. Pour le porte-parole du MAK, la Kabylie a réclamé le départ de la gendarmerie et non celui des élus du 10 octobre 2002. “Ce n'était quand même pas les élus qui avaient tiré sur nos enfants en faisant plus de 120 morts, mais les gendarmes ! Aucune escroquerie politique ne nous fera passer ceux-là pour ceux-ci”, déclare-t-il comme c'est souligné aussi dans la déclaration préliminaire du MAK. C'est ainsi qu'il soutient mordicus que ces élections partielles n'apporteront rien de positif à la région “si ce n'est d'amener une certaine classe politique, à la tête des municipalités de la région, liée aux intérêts du pouvoir et dont la tâche prioritaire est la destruction de l'esprit combatif du peuple kabyle, la mort de sa conscience”. Au passage, le conférencier a réagi aux propos du maire FFS de Bouhenni qui a soutenu que la participation de son parti aux locales lui a permis de barrer la route “aux aventuriers politiques et aux autonomistes”. “Je pense qu'il n'y a pas de quoi à s'enorgueillir d'avoir rendu service au pouvoir. Nous répondrons au moment opportun”, a-t-il réagi à ce sujet. S'agissant du projet de l'amnistie générale, Ferhat Mehenni s'interroge auparavant de quel droit, celui qui n'a perdu aucun proche par la violence de l'état ou des terroristes, veut-il se prévaloir pour absoudre ceux qui ont du sang sur les mains. “Le MAK appelle au boycott de ce référendum pour ne pas participer à la pérennisation de la prime au crime et à l'impunité”, lance-t-il, aussi tout en se déclarant être étonné d'entendre le Chef du gouvernement soutenir le projet d'amnistie du chef de l'état en ignorant son contenu. Par ailleurs, le MAK condamne “la répression du pouvoir, qui s'abat sur la population de Béchar et de Tamanrasset et exige la libération de ceux qui viennent d'être à cette occasion emprisonnés comme il soutient la revendication d'autonomie du peuple aouacheq (touareg) pour la maîtrise de son destin”. Aussi, le mouvement pour l'autonomie de la Kabylie condamne “l'acharnement judiciaire du pouvoir actuel contre la liberté de la presse pour des raisons politiques comme il exige la libération de Mohamed Benchicou, incarcéré pour son courage politique”. Sur le plan international, l'enlèvement des diplomates algériens en Irak et les attentats terroristes de Charm Al-Cheik ont été condamnés par le MAK. L. OUBIRA