Le MAK (mouvement pour l'autonomie de la Kabylie) s'est clairement exprimé hier sur la dissolution des assemblées locales de Kabylie, les élections partielles et l'amnistie générale dans une conférence animée hier à l'hôtel Royal à Béjaïa. Saisissant l'occasion de la clôture de sa 2e université d'été à Aokas, le MAK est sorti de sa réserve pour porter à la connaissance de l'opinion tous ses points de vue et positions par rapport aux sujets d'actualité. Evaluant les quatre années d'existence du MAK, le porte-parole du mouvement, M.Ferhat Mehenni, a reconnu que son mouvement a péché par un manque de structuration, «mais cela n'a pas empêché des débats de plus en plus larges sur le projet d'autonomie», précise-t-il. Le conférencier dira que «la 2e université d'été a été un moyen d'asseoir une tradition démocratique et une implication plus poussée de ses militants dans la vie des structures». Partant, M.Ferhat Mehenni reviendra plus longuement sur les thèmes abordés lors de cette rencontre. Ainsi, en était-il de la dissolution des municipalités de Kabylie que le MAK rejette. «Le MAK ne peut souscrire à l'application d'une résolution qui n'est pas contenue dans la plate-forme d'El Kseur et qui découle d'un dialogue tronqué entre le pouvoir en place et une petite frange de délégués de Kabylie», souligne-t-il. Ferhat Mehenni soutiendra que «le départ qui est réclamé par la Kabylie est celui de la gendarmerie et non celui des élus du 10 octobre 2002». Dans son argumentaire, le conférencier parlera «d'entorse à un principe universel du droit», «une loi comme celle qui vient d'être votée par le pouvoir ne peut s'appliquer que pour les assemblées futures élues et non pour celles déjà en place», dit-il pour préciser sa pensée. «On ne change pas les règles du jeu durant la partie», ironise-t-il encore avant de s'interroger: «Si ces municipalités ne sont pas légales pourquoi avoir au préalable fourvoyé le Conseil constitutionnel dans leur validation?» Ce qui amènera le conférencier à conclure à «un piétinement de la légalité». «Les élections partielles n'apporteront rien de positif à la région», soutient M.Ferhat Mehenni dans son analyse, «leur tenue, dans les mois à venir, ne vise qu'à amener à la tête des municipalités une certaine classe politique qui a pour tâche de détruire l'esprit combatif du peuple Kabyle», indique-t-il. De ce fait, le MAK ne se sent pas concerné par cet événement, quant à sa position, Ferhat Mehenni déclare la prendre au moment opportun, sans donner d'autres précisions malgré notre insistance. L'amnistie générale, autre point d'actualité, a été aussi abordée par le conférencier, la considérant comme «la pérennisation de la prime au crime et à l'impunité». C'est pourquoi, dira-t-il, «le MAK appelle au boycott de ce référendum», une opération que Ferhat explique comme «une volonté du régime à s'autoamnistier». Le MAK condamne enfin la «répression des émeutes de Béchar et Tamanrasset» et exige «la libération des emprisonnés», il soutiendra également «la revendication d'autonomie du peuple amacheq». Pour le porte-parole du MAK, ces violents événements montrent à chacun combien le système d'autonomie régionale est plus qu'une urgence pour l'ensemble du pays. Le MAK reviendra aussi sur «l'acharnement judiciaire contre la liberté de presse pour des raisons politiques» en demandant l'annulation des décisions judiciaires prises, comme il exigera «la libération de Mohamed Benchicou». Le MAK condamne enfin l'enlèvement des deux diplomates algériens en Irak et les attentats terroristes de Charm El-Cheikh qui, dira le conférencier, «devraient inciter à plus de discernement tous ceux qui voyaient en ces actes une résistance du peuple irakien».