Rejeté par le mouvement populaire et la classe politique, le Front de libération nationale tente de se refaire une virginité. Depuis sa désignation comme secrétaire général, Mohamed Djemaï multiplie les initiatives. À commencer par celle de destituer Mouad Bouchareb de la tête de l'Assemblée populaire nationale. Le groupe parlementaire du parti FLN a franchi, hier, un nouveau palier dans sa quête de faire partir le président de l'APN, Mouad Bouchareb, qui figure parmi les "4B" qui doivent "dégager" ; il gèle ses activités jusqu'au départ du président de l'institution parlementaire. Le geste ne risque pas d'avoir un grand impact sur le travail de la Chambre basse du Parlement. L'APN est, en effet, paralysée depuis le début du mouvement populaire le 22 février dernier. Aucune loi ni séance ne sont programmées. Seules quelques activités protocolaires y sont maintenues. Mais les députés du FLN, très peu nombreux à assister aux réunions de leur propre groupe, veulent rééditer le scénario qui a conduit, en octobre dernier, à destituer Saïd Bouhadja de son poste de président de l'APN. Ce dernier semble d'ailleurs savourer ce retournement de situation. Il révèle que c'est Djamel Ould Abbes, ancien secrétaire général du FLN, qui avait ordonné sa destitution. Mis en cause dans l'opération qui a poussé à la porte Saïd Bouhadja, le secrétaire général du FLN, Mohamed Djemaï, qui fait du soutien au chef de l'armée son seul programme politique de l'heure, reconnaît qu'il avait soutenu Mouad Bouchareb sur injonction des "forces anticonstitutionnelles". Mais il met toutes les actions violentes sur le compte de l'actuel président de l'APN et d'"une poignée de députés" qui ont, selon lui, posé le cadenas qui devait empêcher Saïd Bouhadja de rejoindre son bureau. Pour tenter de se donner une nouvelle image, la nouvelle direction du FLN, qui a demandé publiquement "pardon" aux Algériens, rejette également l'élection du 4 juillet prochain. Elle estime que cette élection est "refusée" par le peuple et demande des "lectures" de la Constitution pour aller "dans des délais raisonnables" vers une élection présidentielle "libre et transparente". Le parti, qui soutient en même temps les déclarations du chef de l'armée, se dit "avec les revendications du peuple". Pour l'instant, les tentatives du FLN de se donner une image d'acteur acceptable de la scène politique se limitent aux réunions et déclarations écrites envoyées à la presse. Descendre dans la rue pour "soutenir le mouvement populaire" est un exercice risqué pour un parti qui s'est jeté corps et âme dans la campagne pour la réélection de Bouteflika. Ali Boukhlef