Le président du RCD rappelle à l'ordre le chef d'état-major, qui s'est permis de donner des orientations au mouvement populaire. Le président du RCD, Mohcine Belabbas, est revenu hier, dans le détail, sur le discours du chef d'état-major prononcé à Ouargla. Le discours de Gaïd Salah, regrette M. Belabbas, "ne laisse aucun doute sur la volonté du chef de l'armée de régenter la vie du pays". "La dernière intervention du chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah, sur la situation politique du pays à partir d'Ouargla, depuis une caserne de la 4e RM, ne laisse aucun doute sur la volonté du chef de l'armée de régenter la vie du pays. Elle renseigne aussi sur le peu de cas que font nos dirigeants de l'avenir du pays à court terme", considère-t-il dans une tribune postée sur facebook. Pour Belabbas, le meilleur service que peut rendre, aujourd'hui, Gaïd Salah à l'Algérie est de déposer sa demande de retraite. "Vous voulez réhabiliter la compétence et redonner sa place à l'élite ? Vous voulez remettre de la confiance dans l'économie nationale ? Vous voulez rendre un dernier service à l'Armée nationale et à l'Algérie ? Alors, déposez votre demande de retraite, vous et tous ceux qui, comme vous, ont vieilli dans les postes de commandement et les centres de décisions politiques", tel est le message de Mohcine Belabbas à son adresse. Pour le président du RCD, Gaïd Salah n'ignorerait pourtant pas l'existence des compétences, mais il voudrait plutôt les marginaliser. "Vous le savez certainement. Il y a des cadres militaires et politiques intègres et compétents dans la génération que vous avez de tout temps marginalisée et exclue. Laissez-les prendre les choses en main, et vous verrez ce que vaut réellement l'Algérien", lui a-t-il suggéré. Concernant la présidentielle, M. Belabbas estime que Gaïd Salah "s'enfonce dans le déni de réalité". "Bien qu'unanimement rejetée et qu'aucun candidat sérieux n'ait retiré les formulaires et encore moins réussi à collecter les parrainages nécessaires pour faire valider son dossier auprès de ce qui fait office de conseil constitutionnel, le pouvoir, de fait, s'enfonce dans le déni de la réalité pour présenter la présidentielle du 4 juillet comme une échéance qui sortira le pays de l'ornière", juge-t-il. Il l'accuse, en outre, de "s'octroyer, à coups d'injonctions et de menaces, en violation de la Constitution, à la fois les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire". "Il croit pouvoir mettre tout le monde au garde-à-vous, (mais) le peuple algérien n'est pas un homme malade comme l'était le chef de l'Etat déchu pour s'exécuter et céder à la menace maintenant qu'il s'est libéré de la peur d'un système politique inique", a-t-il averti, en proposant comme solution de sortie de crise une période de transition constituante. "C'est parce que l'Algérie a vécu depuis l'indépendance dans un véritable déni constitutionnel (…), qu'elle a besoin d'une période de transition constituante pour en finir avec les crises cycliques qui ont hypothéqué et hypothèquent encore son avenir", a-t-il préconisé. Par ailleurs, M. Belabbas rappelle à l'ordre le chef d'état-major qui s'est permis de donner des orientations au mouvement populaire. "Vous enjoignez au hirak de dégager de vrais représentants pour dialoguer. Mais avec qui ? Que représentent aujourd'hui ceux qui commandent le pays ?", s'interroge M. Belabbas, pour qui "seule une autorité ayant l'assentiment du hirak a la légitimité de conduire le pays vers un Etat de droit". Et d'ajouter : "Vous qualifiez les revendications du hirak de surréalistes et, pour ce faire, vous jouez la confusion en tentant de faire croire que l'exigence du départ collectif concernerait tous les cadres de l'Etat." Tout en lui rappelant que "le peuple demande le départ des figures du système". "Ce même système, que vous représentez, ajoute M. Bellabas, qui a avili les élites et les compétences, quand il ne leur a pas fait quitter le pays." Et de conclure son propos sur les effets néfastes de l'économine nationale : "C'est justement les abus et l'acharnement contre les opérateurs économiques qui ont fait perdre confiance aux investisseurs nationaux et étrangers dans notre économie et qui ont réduit nos banques en trésorerie pour les clientèles du système que vous voulez réinventer aujourd'hui."