Il est président d'un groupe industriel qui emploie plus de 18 000 travailleurs et qui arrive en deuxième position, après Sonatrach, en terme d'importance de ses exportations. Grâce à la diversification de ses activités, Cevital est implanté à travers diverses villes du territoire national (Sétif, Constantine, Alger, Blida, Oran, Bouira, Béjaïa, Aïn Defla, Tizi Ouzou). Il ambitionne d'autres investissements dans d'autres contrées du pays qui ont tant besoin de la création d'emplois et de richesses, malgré les blocages administratifs dont il souffre. Issad Rebrab, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a su imposer le respect de toute la communauté nationale et internationale. Il a porté haut le drapeau national dans le concert des nations au niveau économique. Il est connu et reconnu pour son intégrité, son honnêteté, le respect de ses engagements et sa disponibilité. L'homme lui-même est devenu la première garantie de ses investissements dans le monde entier. Qui du mouvement associatif, sportif, culturel ou social n'a pas bénéficié de l'aide de cet humble homme, engagé et dévoué pour la prospérité de l'Algérie ? Au-delà de toutes ces qualités, il vient de doter l'Algérie d'une technologie unique au monde, en l'occurrence un nouveau process de production d'eau ultrapure. Si le gang des Bouteflika avait des choses à reprocher à cet homme, aurait-il opté pour des blocages administratifs de ses projets au lieu de la construction de dossiers compromettants ? Pourquoi donc incarcérer et tenter de salir un industriel d'une telle envergure qui ne cesse d'apporter de la valeur ajoutée à l'économie nationale ? Il y a certainement anguille sous roche ! Au-delà de la conjoncture politique et de ce qui est présenté comme une situation de règlements de comptes et de guéguerre d'ordre clanique dont Rebrab n'est concerné ni de près ni de loin, cette affaire relève, à mon sens, de cette volonté du pouvoir de se maintenir et de se régénérer à travers la consolidation de ses fondements. Tout en sacrifiant les symboles représentatifs du régime de ces vingt dernières années, à l'image des Bouteflika et de leurs supplétifs, le système tente de sauver sa structure qui repose, à mon humble avis, sur quatre fondements : son idéologie, son caractère militaire, son mode de gouvernance (le jacobinisme), son économie rentière. La vision économique de M. Issad Rebrab constitue une menace pour la survie de ce quatrième fondement. Comment ? La consolidation du partage de la rente perpétue la survie du système ; en revanche, la liberté de l'initiative économique qui garantit l'autonomie de la société accélère sa disparition. Voilà donc toute la problématique. Rebrab est l'investisseur algérien qui symbolise le plus ce salutaire passage de l'économie rentière à l'économie diversifiée que le pouvoir ne cesse de bloquer. Toutes les politiques économiques du régime sont conçues dans le sens du maintien du "tout-Etat" dans les secteurs névralgiques et d'un semblant d'ouverture avec des "investisseurs-clients" dont la garantie est l'allégeance au pouvoir. Cette ouverture qui n'est rien d'autre qu'une "bazardisation" de l'économie nationale vise beaucoup plus à recruter de la clientèle et à faire du chantage économique à la société. Le "tort" de M. Rebrab est d'avoir refusé de s'inscrire dans cette logique. Il excelle dans la création de richesses et d'emplois en dehors de toute politique clientéliste. Les instruments de mesure de ses performances sont strictement économiques. Il a réussi l'exploit de l'autonomie de ses investissements, y compris dans leur financement. À ma connaissance, aucun projet de Cevital à l'étranger n'est financé par un quelconque transfert de capitaux du groupe au niveau national. Le modèle économique qui va générer une multiplication d'investisseurs de la trempe de Rebrab dérange le système rentier dans sa façon de contrôler la société à travers sa politique d'assistanat basée sur la rente pétrolière qui l'érige en éternel tuteur des Algériens. L'encouragement de l'émergence de la PME/PMI à la manière Rebrab obligera l'administration (c'est-à-dire le système) à se contenter de sa véritable mission dans ce domaine qui est la régulation et la garantie du respect de la loi dans le cadre de la libre initiative économique. Cet acharnement contre ce capitaine de l'industrie est un signe révélateur de cette volonté de détruire tous ceux qui aspirent à être créatifs dans ce pays. L'approche citoyenne adoptée par le groupe Cevital qui traduit par excellence le sens de l'entrepreneuriat et surtout qui socialise la relation employeur-employé fait paniquer ceux qui refusent de perdre le monopole de la rente qui garantit leur maintien. Il y a aussi le projet technologique Evcon Industry qui n'est pas étranger à tous les déboires du groupe Cevital et à l'incarcération injuste de son président. Le blocage de ce projet très ambitieux qui peut assurer une rentrée de devises de 15 milliards d'euros par an est une preuve tangible que l'épanouissement de l'économie nationale reste le dernier souci des tenants du pouvoir politique. À la politique de développement économique que propose et porte Rebrab, le système oppose une politique de chantage économique.