Un rassemblement à la mémoire du docteur Kamal-Eddine Fekhar s'est tenu place de la République avant-hier, en fin de journée, à la suite d'un appel lancé dans la journée par le collectif "Libérons l'Algérie". Les manifestants venus en grand nombre ont réagi avec colère à la mort, en prison, du militant des droits de l'Homme. "Pouvoir assassin", "Ulac smah ulac", ont scandé les présents en agitant les drapeaux algérien et amazigh. Des bougies ont été également allumées pour rendre hommage au disparu. "C'est un crime. Le pouvoir qui a l'habitude de tuer ses opposants récidive. Aujourd'hui, nous sommes plus forts que lui et nous devons le faire payer", s'engage Farid, étudiant. Sur une affiche, un autre jeune a écrit une citation du chanteur Lounès Matoub qui évoque le pouvoir de la résilience. "Je suis de la race des guerriers. Ils peuvent me tuer, mais ils ne me feront jamais taire. Je préfère mourir pour mes idées que de mourir de lassitude et de vieillesse", pouvait-on lire sur l'écriteau. Pour Aïssa, cadre d'entreprise, Kamal-Eddine Fekhar est un exemple de bravoure. "Il a refusé de renoncer à ses idéaux. À nous de les réaliser en neutralisant ceux qui l'ont tué", préconise notre interlocuteur, l'air grave. Choqués par la mort du militant du M'zab, les manifestants, qui se sont rassemblés place de la République, estiment que la mobilisation contre le système doit gagner en puissance. "Si nous n'agissons pas vite, il y aura d'autres Fekhar. Le pouvoir n'a rien à perdre. Il est devenu fou et il est prêt à nous anéantir", prévient Saïda. Originaire du nord de la France, elle rallie tous les dimanches Paris pour manifester avec ses compatriotes. "Cet été, je vais me rendre en Algerie, et c'est là-bas que je marcherai, pour moi, mes enfants et pour les enfants du Dr Fekkar qu'il ne verra pas grandir", dit la jeune femme, très émue. La nouvelle de la mort du médecin de Ghardaïa a plongé la communauté algérienne en France dans une profonde stupeur. Le Collectif des Mozabites d'Europe, par la voix de son président Abdellah Zekri (également membre du Conseil français du culte musulman), a réagi vivement en dénonçant un crime prémédité. Beaucoup se sont également saisis des réseaux sociaux pour faire part de leur désarroi et de leur rage. D'autres sont passés à l'action comme c'est le cas de l'Association kabyle de Toulouse qui a lancé mardi une opération de collecte de fonds pour venir en aide à la veuve et aux enfants du Dr Fekhar. Plus de 5 000 euros ont été récoltés hier dans la matinée. Pour sa part, le collectif Libérons l'Algérie appelle les manifestants, qui se rassembleront dimanche prochain sur la place de la République, à observer une minute de silence à la mémoire du défunt.