Les étudiants ont observé une minute de silence à la mémoire du militant mozabite, Kamal-Eddine Fekhar, décédé hier, en détention, à l'hôpital Frantz-Fanon de Blida. Les étudiants de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou ont, de nouveau, battu le pavé, hier à la mi-journée, en empruntant le trajet habituel de la protesta menant du siège de l'université jusqu'au monument des Martyrs, situé à la sortie-ouest de la ville des Genêts, et ce, en passant par la rue Lamali-Ahmed, le boulevard Abane-Ramdane et les trémies du centre-ville. La manifestation qui s'est ébranlée vers 11h30 sous un soleil de plomb, a été largement appuyée par des enseignants universitaires venus accompagner leurs étudiants dans leur longue procession. Ces derniers ont brandi de nombreuses pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Ulac tifranine n 4 yulyu 2019" (Pas de vote le 4 juillet 2019), "Gaïd Salah, on veut un Etat civil et non un pouvoir militaire"…, et scandé des slogans hostiles au pouvoir, tels que "Système dégage", "Libérez l'Algérie", "Gaïd Salah dégage", "Dawla madanya machi âskarya". À la place des Martyrs du printemps noir, située au carrefour central Le Djurdjura, les étudiants ont observé une minute de silence à la mémoire du militant mozabite Kamal-Eddine Fekhar, décédé hier à l'hôpital Frantz-Fanon, à la suite d'une grève de la faim faite en prison. Pour le jeune étudiant Aksil, accosté à la fin de la manif, "nous avons tenu à observer une minute de silence pour dénoncer le grave mutisme de l'Etat et sa complicité dans la mort de Kamal-Eddine Fekhar, qui a fait une longue grève de la faim". Quant à Goumeziane Rahmoune, enseignant à l'université de Tizi Ouzou, il a tenu à dénoncer, au nom de la communauté universitaire, le traitement réservé à Kamal-Eddine Fekhar, qui a provoqué sa mort. "Nous sommes malheureux, tristes et en colère car l'Etat devait lui assurer un procès équitable", a-t-il dénoncé. Par ailleurs, et pour un troisième mardi consécutif depuis le début du Ramadhan, les avocats de la wilaya de Tizi Ouzou ont manifesté, hier, en organisant un rassemblement devant la Cour de justice pour exprimer, à nouveau, leur rejet de l'élection présidentielle du 4 juillet et exiger l'instauration d'un Etat de droit. Tout au long de ce rassemblement qui s'est tenu sous un soleil de plomb, les avocats scandaient : "Avocats s'engagent, système dégage", "Y en a marre de ce pouvoir", "Ulac l'vot ulac", "Macron eddi wladek, El Djazaïr matchi bladek" et encore "Bensalah dégage, Bedoui dégage, El Gaïd dégage". Dans une déclaration à la presse, le bâtonnier de Tizi Ouzou, Me Salah Brahimi, a réaffirmé la détermination des avocats à rester mobilisés aux côtés du peuple et appelé, une fois de plus, au départ de "tout le pouvoir et de toutes ses béquilles". "Tous les représentants du pouvoir doivent partir et la mascarade du 4 juillet ne doit pas avoir lieu ; maintenant, il est désormais clair pour nous qu'elle n'aura pas lieu. Nous sommes également contre le recours à l'article 103 pour aller vers un état d'exception ou un état d'urgence. C'est le peuple qui doit décider de son avenir. Ce que vit le pays n'est pas une crise constitutionnelle, mais plutôt une crise politique qui nécessite une solution politique", a-t-il déclaré. K. Tighilt/Samir LESLOUS