"Le wali de Ghardaïa, le procureur général, le juge d'instruction, certains médecins et tous ceux que l'instruction révélera responsables de près ou de loin de la mort de Fekhar seront traduits devant la justice", précise Me Salah Dabouz. Sollicité par les nombreux journalistes présents, hier, à l'issue de l'enterrement du défunt Fekhar, Me Salah Dabouz a estimé que cette mort "est un crime d'Etat". Il l'est, explique-t-il, par le fait que son avant-dernière arrestation en 2015 a été "brutale, illégale et injustifiée, de même que celle durant laquelle il a perdu la vie". "Fekhar a été arrêté sur une décision prise le 8 juillet 2015 entre Bouteflika, Sellal, Gaïd Salah, Tartag et Ouyahia", a-t-il rappelé, considérant cette décision "hors la loi". Me Dabouz a rappelé que le groupe de travail onusien a finalisé son rapport qu'il a remis aux autorités algériennes sur le fait que le Dr Fekhar ne devrait en aucun cas être arrêté une seconde fois. "L'Etat algérien n'a pas respecté les conclusions du rapport et, de ce fait, se rend coupable de ce crime", a indiqué l'avocat, annonçant que plusieurs plaintes seront déposées contre plusieurs responsables, notamment locaux et contre l'Etat algérien auprès des instances internationales. "Nous allons poursuivre devant la justice tous les responsables impliqués dans l'arrestation de Fekhar", a-t-il annoncé, précisant que "le wali de Ghardaïa, le procureur général, le juge d'instruction, certains médecins et tous ceux que l'instruction révélera responsables de près ou de loin de la mort de Fekhar seront traduits devant la justice". Il a ajouté, à ce propos, que des plaintes seront, également, "déposées contre l'Etat algérien auprès des instances internationales pour crime d'Etat". L'avocat, assisté par Me Zahi, le militant Soufghanem Kacem et le codétenu de Fekhar, le syndicaliste Hadj-Brahim Aouf, a sévèrement critiqué le recours abusif à la détention provisoire. "Ce qui devait être une exception est devenue fatalement une règle qu'ils utilisent pour casser des militants", a dénoncé l'avocat. Me Zahi a estimé quant à lui que toutes les démarches entreprises pour libérer Fekhar, surtout après la dégradation de son état de santé, ont été vaines. "J'ai déposé une demande le 13 mai et une autre le 17 du même mois, soit la veille de son décès, et c'est cette dernière qui a facilité son transfert à l'hôpital de Blida, mais c'était trop tard, car Fekhar était abandonné durant plusieurs jours dans un état comateux", a témoigné l'avocat, qui a promis de poursuivre, avec la famille et les autres membres du collectif d'avocats, cette affaire, pour faire la lumière sur cette mort en détention d'un militant qui se battait pour un avenir meilleur et pour les libertés. Les deux avocats ont promis, chacun de son côté, de tenir informée l'opinion publique quant à l'avancement des plaintes contre les responsables identifiés comme impliqués dans "la mort programmée" du Dr Fekhar. Ils ont également appelé à la libération des autres détenus d'opinion, à l'image de Mohamed Baba-Nedjar, qui croupit en prison depuis 2005.