Le lieu emblématique de ralliement des manifestants, la Grande-Poste, était toujours placé sous "haute surveillance" policière. Des fourgons cellulaires, de gros engins bleus, des canons à eau sont stationnés tout autour de l'édifice. Avancée de 48 heures en raison de la fête de l'Aïd, la 15e marche des étudiants, qui a eu lieu hier à Alger-Centre, a tenu toutes ses promesses. Ils ont passé, avec succès, la quatrième manifestation du mois de Ramadhan. "Bien que moins nombreux que lors des précédentes éditions de contestation de rue, nous avons décidé de marcher aujourd'hui. Les policiers ont voulu nous intimider, pour nous amener à annuler la marche. Mais nous leur avons dit niet", lancera Riadh, étudiant à l'Ecole polytechnique d'El-Harrach. Force est de constater que les policiers antiémeutes ont usé hier de la matraque et ont aussi procédé à l'arrestation de plusieurs étudiants. Le décor sécuritaire planté à travers les grandes artères de la capitale ne diffère aucunement de celui des précédentes manifestations. Le lieu emblématique de ralliement des manifestants, la Grande-Poste, était toujours placé sous "haute surveillance" policière. Des fourgons cellulaires, de gros engins bleus, des canons à eau sont stationnés tout autour de l'édifice. Toutes les allées et les issues qui débouchent sur l'imposant et mythique bâtiment de la Fac centrale, sont contrôlées. Massés devant l'entrée principale de l'université Benyoucef-Benkhedda pendant près d'une heure, les étudiants ont d'abord organisé un rassemblement ponctué par des cris "Dégage, dégage" ou encore "Silmya silmya, matalibouna chariaâ" (nos revendications sont légitimes). Sur le trottoir, en face, des dizaines de jeunes marcheurs martèlent : "Maranache habssine, koul youm massira", en attendant de tromper la vigilance des policiers pour franchir l'impressionnant cordon sécuritaire. La répression policière monte soudainement d'un cran lorsqu'un groupe d'étudiants tente de passer entre les mailles du filet tendu par les forces antiémeutes qui se mettent alors à bastonner les manifestants. À la faveur des cris d'encouragement des passants, le cortège s'ébranle, contre toute attente, en direction de la place du 1er-Mai, via la rue Hamani-Arezki (ex-rue Charras). Tout au long de la rue Hassiba-Ben Bouali, les jeunes universitaires scandent à l'unisson le slogan "Djazaïr horra démocratia". Des klaxons fusent de partout. Cependant, des fourgons cellulaires prennent le chemin inverse pour empêcher les manifestants d'atteindre la place du 1er-Mai et les obliger à rebrousser chemin vers la place Maurétania. En fait, un autre dispositif policier est dressé au bout de la rue Hassiba-Ben Bouali. Les brigades pédestres dépêchées sur les lieux réussissent, matraque à la main, à bloquer les étudiants à hauteur de la place dite de "l'hôpital", non loin de l'entrée principale du CHU Mustapha-Pacha. Les forces de police ont, une nouvelle fois, recouru à la répression. Place aux violences, aux bousculades et aux arrestations à tour de bras. Des étudiantes ont été violemment jetées à terre. D'autres embarquées dans les fourgons cellulaires, criaient : "Honte à vous les policiers, honte à vous, ya el hagarine". Une étudiante de la faculté des sciences de l'université de Boumerdès nous prend à témoin. "Outre la matraque, j'ai eu droit à un flot d'injures. Nous n'avons rien fait, nous sommes venus revendiquer le départ du régime politique pour espérer instaurer la démocratie", dit-elle. Vers 13 heures, les manifestants décident de revenir à la Fac centrale, tout en scandant avec ferveur : "Ennhar el-Aïd kayen massira" (nous marcherons encore le jour de l'Aïd).