L'Iran accuse certains producteurs d'être au service des Etats-Unis, notamment l'Arabie saoudite. Le ministre iranien du Pétrole, Bijan Zanganeh, ne participera pas à la réunion du comité conjoint de monitoring Opep-non Opep qui se tiendra ce dimanche 23 septembre à Alger. "Zanganeh n'assistera pas à la réunion prévue en Algérie. Il a changé d'avis", a simplement déclaré le porte-parole du ministère iranien du Pétrole, repris par l'agence Reuters. C'est un véritable coup de théâtre. L'Iran sera probablement représenté par son délégué à l'Opep, rapporte Bloomberg, ce qui est en l'état un revirement non des moindres de la position iranienne, à trois jours seulement de la réunion d'Alger au cours de laquelle l'offre pétrolière de l'Opep serait discutée. Avant même que l'Iran n'annonce l'absence de son ministre à la réunion d'Alger, cette entrevue s'annonçait déjà tendue, sur fond de guéguerres insurmontables opposant le pays du shah au royaume wahhabite. Les Iraniens, farouchement opposés à l'idée de rehausser les niveaux de production de l'Opep, avaient demandé d'assister à la réunion d'Alger afin de pouvoir défendre leurs parts de marché. L'Iran a accusé ouvertement l'Arabie saoudite de vouloir récupérer son quota de production dès l'entrée en vigueur des sanctions américaines contre son secteur pétrolier, prévue le 4 novembre prochain. La réunion, la semaine dernière, des ministres de l'Energie de l'Arabie saoudite, de la Russie et des Etats-Unis, les trois plus grands producteurs mondiaux, a eu pour effet de jeter la confusion dans le processus de coopération Opep-non Opep. L'Iran a aussitôt accusé certains producteurs d'être au service des Etats-Unis. Son représentant à l'Opep, Hossein Kazempour Ardebili, a déclaré que "l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis sont en train de faire de l'Opep un outil pour les Etats-Unis et, par conséquent, il ne reste plus beaucoup de crédibilité à l'organisation". Mardi, le secrétaire général de l'Opep, Mohammed Barkindo, s'est montré plutôt conciliant, estimant que l'Iran reste "un membre très important" de l'organisation et qu'il n'y avait de choix que de "continuer à travailler avec tous les membres". Le secrétaire général de l'Opep, qui s'exprimait en marge du Forum de l'énergie à Foujeirah, aux Emirats arabes unis, a indiqué que Téhéran reste "un exportateur de pétrole très important", mais il s'est bien gardé de préciser comment les producteurs mondiaux de brut allaient compenser la baisse des exportations iraniennes avec l'entrée en vigueur de nouvelles sanctions américaines, le 4 novembre prochain. Les pays les plus influents du groupe Opep-non Opep, à savoir la Russie et l'Arabie saoudite, plaident pour une nouvelle hausse de la production. L'Opep et ses partenaires non Opep, dont la Russie, s'étaient mis d'accord en juin dernier pour augmenter leur production, après un précédent accord fin 2016 pour limiter leur offre afin d'assurer une remontée des prix, une inflexion vigoureusement critiquée par l'Iran. Le pays du shah voit en cette nouvelle hausse défendue par l'Arabie saoudite et la Russie comme étant une combine menée par son rival wahhabite dont le but n'est autre que de l'exclure de l'échiquier pétrolier mondial. C'est dans ce contexte conflictuel que se tiendra, dimanche, la réunion du comité mixte chargé de suivi des accords de l'Opep-non Opep conclus en décembre 2016. Les élections de mi-mandat aux Etats-Unis, prévues en novembre, font grimper d'un cran les pressions exercées par Donald Trump sur l'Opep. Complètement obnubilé par ses priorités qui consistent à contenter l'électorat américain, Donald Trump a exigé à plusieurs reprises que l'Opep et son allié saoudien augmentent la production de pétrole afin que les prix des carburants baissent aux Etats-Unis. L'absence annoncée du ministre iranien du Pétrole à l'entrevue prévue ce dimanche à Alger pourrait avoir un impact sur la cohésion au sein de l'Opep, mise à rude épreuve par le conflit auquel s'adonnent Iraniens et Saoudiens, mais aussi par cette emprise saoudienne sur l'organisation. Ali Titouche