La volonté d'hégémonie de l'Arabie Saoudite dans la région, forte de la protection américaine, constitue l'un des motifs de tensions de Washington avec Téhéran. Les Iraniens ont lancé hier un nouvel avertissement en direction de Washington, en réponse à l'acharnement américain contre l'Iran, après le retrait des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire, sur décision de l'actuel président Donald Trump. "On ne peut pas espérer qu'une guerre économique contre le peuple iranien continue et que ceux qui soutiennent cette guerre ou l'ont déclenchée restent en sécurité", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, en recevant son homologue allemand Heiko Maas à Téhéran. "Les nouvelles tensions dans la région sont le résultat de la guerre économique contre l'Iran dans laquelle (le président américain Donald) Trump lui-même dit être embarqué", a déclaré M. Zarif en faisant référence à la campagne de "pression maximale" des Etats-Unis contre l'Iran, notamment via l'arme des sanctions économiques que Washington a réimposées ou intensifiées depuis 2018. "Le seul moyen de faire baisser les tensions dans la région est de mettre un terme à cette guerre économique", a ajouté le ministre iranien lors d'un point de presse avec M. Maas, à l'issue d'un entretien à huis clos d'environ une heure. "L'Allemagne et l'Union européenne peuvent jouer un rôle important pour faire baisser ces tensions, et nous les soutenons dans ce rôle", a encore dit M. Zarif. "L'Iran, l'Allemagne et l'Union européenne ont un objectif commun : préserver le PGAC (Plan global d'action commun sur le nucléaire iranien signé à Vienne en 2015), prévenir les tensions et les conflits dans la région et favoriser pour le peuple iranien les avantages attendus de l'accord nucléaire", a rapporté l'agence de presse officielle Irna. Et d'ajouter que "la guerre économique déclarée par les Etats-Unis contre l'Iran est très dangereuse pour la région et le monde, voire l'ordre international", lit-on encore sur Irna. Pour M. Zarif, "les mesures prises par les Etats-Unis, après leur retrait, visent en réalité le peuple iranien qui était censé bénéficier plus que quiconque de cet accord", soulignant que "l'Iran a également pour l'engagement de défendre les droits de son peuple et l'un de ces droits est la question qui a été reconnue dans l'article 36 du PGAC". Pour sa part, le chef de la diplomatie allemande a déclaré que l'Allemagne et ses partenaires européens "ont déployé le maximum d'efforts pour remplir (leurs) engagements" aux termes de cet accord. Mais, face aux conséquences du retrait américain, l'Iran a menacé en mai de s'affranchir progressivement de ce pacte à moins que ses partenaires, en particulier européens, ne l'aident à contourner ces sanctions. Téhéran a laissé deux mois aux Européens, Chinois et Russes pour "rendre opérationnels leurs engagements en particulier dans les secteurs pétrolier et bancaire". Les sanctions américaines rendent pratiquement impossible la moindre transaction internationale avec une banque iranienne et de récentes mesures prises par Washington visent à empêcher totalement l'Iran d'exporter son pétrole, première source de recettes pour l'Etat. Sans réponse satisfaisante de ses partenaires d'ici au 8 juillet, l'Iran a menacé de cesser d'observer les restrictions consenties "sur le degré d'enrichissement de l'uranium", et de reprendra son projet de construction d'un réacteur à eau lourde à Arak (centre) mis en sommeil conformément à l'accord de Vienne.