La pression internationale, avec les médiations éthiopienne et américaine, et le mouvement de la désobéissance civile ont fini par faire plier les militaires soudanais au pouvoir. Le dialogue entre les représentants de la contestation au Soudan et les militaires au pouvoir reprendra incessamment, conformément à l'accord conclu mardi soir, sous médiation éthiopienne, pour la fin du mouvement de désobéissance civile et la reprise du travail hier, après plus de trois jours de quasi-paralysie de la capitale. De son côté, le conseil militaire de transition a accepté, "dans un geste de bonne volonté" de "libérer tous les détenus politiques", a indiqué le représentant du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, Mahmoud Drir. Il a également déclaré que "l'ALC a accepté de mettre fin au mouvement de désobéissance civile à partir d'aujourd'hui (hier soir)" et "les deux parties ont accepté de reprendre prochainement les discussions", sans pour autant en donner la date exacte. Rappelons que les pourparlers entre les deux camps ont été suspendus unilatéralement par l'armée le 20 mai, après l'échec de la réunion consacrée à la composition de la future instance de transition, censée diriger le pays pendant trois ans. Le diplomate éthiopien a souligné, dans des déclarations rapportées par le média soudanais al-Shorooq, qu'il s'attellera à "éviter que les deux parties versent dans l'escalade verbale à travers des accusations réciproques", afin d'"avancer sérieusement dans notre médiation", tout en se disant "confiant que le Soudan dépassera cette période difficile". À noter que le Conseil de sécurité des Nations unies a condamné fermement mardi soir la violence au Soudan et a appelé les militaires au pouvoir et le mouvement de contestation à œuvrer pour trouver une issue à la crise. Dans un communiqué, les membres du Conseil ont demandé la fin immédiate des violences contre les civils et souligné l'importance du respect des droits humains. L'annonce de la reprise des négociations intervient alors que les meneurs de la contestation avaient annoncé, lundi soir, qu'ils publieraient prochainement la composition de leur propre instance dirigeante avec un Premier ministre. Elle intervient également au lendemain de l'annonce de la venue cette semaine du secrétaire d'Etat américain adjoint chargé de l'Afrique, Tibor Nagy. Par ailleurs, un groupe d'experts en droits humains de l'ONU a demandé hier une enquête onusienne sur les violences commises au Soudan contre des "manifestants pacifiques" qui demandaient le départ des généraux au pouvoir depuis la chute du président Omar al-Bachir. "Compte tenu de l'ampleur et de la gravité des violations des droits humains signalées et de la nécessité d'agir rapidement pour empêcher une nouvelle escalade, nous demandons au Conseil des droits de l'homme d'ouvrir une enquête indépendante sur les violations (...) au Soudan", ont déclaré ces cinq experts dans un communiqué.